Un petit mot qui en dit long en ce moment. « Bof », c’est comment je me sens ces temps-ci. « Bof », c’est comment cela se passe à ma job ces temps-ci. « Bof », c’est comment cela se passe avec ma famille ces derniers temps. « Bof », c’est comment cela se passe avec mon chum depuis un certain moment…
Avant tout, je tiens juste à préciser que je suis dans un moment un peu plus déprimé que d’habitude. Ce n’est pas si pire que cela en a l’air et ne vous inquiétez pas, j’ai juste le moral un peu plus à terre, mais il n’y a rien de grave. J’ai des bonnes et moins bonnes journées ces temps-ci et comme hier soir, cela été un peu moins bon, je sens que je suis un peu plus down que d’habitude, mais il n’y a pas lieu de s’alarmer… Je sens par contre que ce sera un long message un peu sombre, où j’ai un besoin urgent de me défouler et de me vider un peu le cœur et l’esprit. Comme cela n’a aucunement rapport avec la question trans, vous pouvez sauter ce message sans problème… et je vais revenir sous peu avec des messages plus appropriés à ce blog!
Disons que je suis dans une mauvaise passe, où j’ai l’impression que tout va mal, ou plutôt, que tout est sombre pour moi et autour de moi. Il me semble que je n’ai plus le goût de rien, que je passerais mes journées au lit et/ou à regarder la télévision et il me semble que tous nos projets ont l’air bien gros et bien infranchissables…
Est-ce à cause de ce que mon chum m’a annoncé (le fait qu’il était prêt en parler aux autres) il y a quelques semaines qui a tout déclenché ça? Je ne crois pas. C’est sûr que cela n’a pas dû aider dans mon cas, mais je réalise que cela fait plus longtemps que ça que j’ai le moral ainsi, que j’ai des sautes d’humeur remarquables et que je suis démotivée comme ça. Par contre, je crois que tant que ça allait bien avec mon chum, je m’en rendais moins compte, c’était mon coussin, mon support, mon réconfort, et je passais au travers sans trop de difficulté, car le plus important allait bien. Ces derniers temps, c’est vraiment difficile avec mon chum et des chicanes pointent à l’horizon bien souvent pour des détails insignifiants, ce qui n’arrivait jamais avant. Tout nous impatiente et chaque niaiserie nous fait bondir tous les deux. Le climat est plutôt explosif et je crois que c’est ce qui fait que je me rends compte de toute la noirceur de mon moral ces temps-ci.
Faisons le tour de ce qui m’assomme ainsi, peut-être que cela me fera du bien et me permettra de relativiser un peu.
Côté famille
Cela va en général assez bien, mais il arrive souvent que le climat soit plus tendu que d’ordinaire. Mes sœurs ont de la difficulté avec leurs études et une se cherche désespérément un emploi, ce qui crée des tensions assez grandes entre elles et mes parents (ma mère surtout). Une de mes sœurs est devenue complètement impatiente et « saute une coche » pour le moindre détail. Mon père s’est blessé à la jambe dernièrement et chaque fois que je le vois boiter, je m’inquiète. Ma mère est en guerre ouverte avec ses sœurs pour d’anciennes histoires de famille, et malgré qu’une vient d’apprendre qu’elle a le cancer, cela n’a pas arrangé du tout les choses, même au contraire, ce qui nous place dans une fâcheuse situation mes sœurs et moi, entre notre inquiétude pour notre tante et ce conflit avec ma mère. Bref, je suis toujours contente de les voir et d’aller souper avec eux, mais ce n’est pas là que j’y trouve du réconfort bien souvent et comme je suis moi-même bof, cela n’aide pas non plus la situation.
Côté job
J’adore ma job, ça, il n’y a pas un doute à avoir là-dessus et c’est déjà un gros avantage que plusieurs n’ont pas la chance de connaître. Par contre, depuis quelques mois, la pression est devenue énorme et je n’en peux plus de voir les piles s’accumuler sans avoir le temps de tout faire, je n’en peux plus que ma patronne m’arrive continuellement avec de nouvelles tâches à faire rapidement et je n’en peux plus de courir tout le temps. C’est encore beau que je tienne mon bout et que rien du tout n’entre chez-moi, contrairement à certaines autres de mes collègues. Mais n’empêche, même si je réagis bien à la pression normalement, là, j’avoue que cela en est épuisant.
De plus, je suis engagée à contrat. Comme chaque année, la période du mois de mars est toujours stressante, car je ne sais pas encore si au 1er avril, j’aurai encore une job ou non. Ce ne sont pas les tâches qui manquent ni la volonté de l’équipe et de ma patronne de me garder, mais c’est simplement une question de budget. J’essaie de ne pas trop m’inquiéter encore, mais il me semble qu’il serait grand temps que je le sache…
Pour continuer, toujours concernant ma job, le bâtiment est en pleines rénovations. Comme on est dans le sous-sol, toute la base des travaux se situe où je suis. Cela fait des mois (depuis octobre pour être exacte) que des bruits de fond (parfois assez forts pour qu’on n’entende pas la personne qui nous parle au téléphone) se font entendre sans arrêt, 7 heures par jour. Il y a des travaux à l’extérieur, mais comme on est collé sur le mur extérieur et dans le sous-sol en plus, on entend continuellement les marteaux-piqueurs, les camions qui reculent et déversent leur chargement et on ressent toutes les vibrations dans le plancher et dans les murs. Il y a aussi des travaux à l’étage juste au-dessus de nous, ce qui fait qu’on a toujours l’impression qu’un éléphant nous marche sur la tête : chariot métallique qui roule au-dessus de nous, marteaux, outils électriques, soudure, tout se passe comme si on y était. En plus, avec toutes les vibrations que cela provoque, il n’est pas rare qu’une tuile de plafond nous tombe dessus et que de la poussière dégringole sur nos espaces de travail d’une manière continue. Et comme si ce n’était pas assez, il y a aussi des travaux à notre étage, dans nos locaux même. Sans parler des bruits, du cas d’amiante et des dégâts d’eau qu’il y a eu, je n’en peux plus qu’il y ait des outils et des échelles qui traînent partout où on travaille, je n’en peux plus de devoir contourner ces hommes à casque pour aller chercher quelque chose et en revenir, je n’en peux plus de devoir continuellement changer d’ordinateur car les travaux se passent où je suis exactement, je n’en peux plus de voir des trous dans les murs et planchers, des fils qui pendent, des bouts de planchers défoncés et des tuiles de plafond enlevées, je n’en peux plus que des nuages de poussière nous tombe dessus à chaque fois qu’une tuile du plafond suspendu doit être enlevé, je n’en peux plus que nos chaises et nos bureaux soient recouverts de morceaux divers et de saletés, je n’en peux plus de respirer toute cette poussière et ces odeurs qui me donnent mal à la tête, je n’en peux plus de voir nos usagers fuir notre lieu de travail… bref, je n’en peux plus de tous ces travaux et cela me tape sérieusement sur le système!
Bref, depuis plusieurs semaines, ma job me vide complètement et j’ai bien hâte que cela redevienne un peu plus tranquille.
Côté physique
Est-ce à cause de toutes ces émotions ou bien est-ce à cause d’une situation indépendante, je l’ignore, mais chose certaine, mon dos ne me ménage pas depuis quelques temps. J’ai déjà eu des gros problèmes de dos il y a deux ans et cela n’est jamais complètement parti, mais il me semble que ces derniers mois, cela augmente petit à petit. Cela est très endurable et ce n’est même pas comparable avec avant, mais il n’en demeure pas moins que j’ai toujours ce petit inconfort qui est là en permanence. Il y a des jours où cela augmente plus que d’autres, mais sinon, cela ne m’empêche pas de faire quoique ce soit, mais cela devient agaçant de toujours devoir endurer ça, de toujours avoir cette petite douleur qui reste quoique je fasse.
Il y a aussi par rapport à notre projet d’avoir des enfants. J’essaie de mettre toutes les chances de notre côté et je fais attention à tout ce que je peux, tout en continuant à me renseigner beaucoup sur le sujet. C’est sûr que cela joue également sur le moral que cela ne fonctionne pas mois après mois, mais en plus, j’ai de bonnes raisons maintenant de croire que le problème serait probablement de mon côté. Si c’est ce que je pense, mon médecin devrait bien le trouver à mon prochain rendez-vous en juin et si c’est le cas, j’aurai probablement droit à un médicament qui aiderait à régler la situation. Je suis prête à tout pour que notre projet d’avoir un enfant fonctionne, mais j’avoue que je sais les effets secondaires que ce genre de médicament peut avoir et cela ne me tente pas vraiment… Sans parler que si le médicament ne fonctionne pas, il pourrait être question d’une petite opération et cela me tente encore moins… Mais bon, je verrai une fois rendue là!
Bien sûr, qui dit enfant dit « faire l’amour » une fois par mois. Cela me manque qu’on ne le fasse plus aussi souvent qu’avant, mais je me suis faite à l’idée et c’est un compromis que je suis capable d’endurer. Tout ce que je demande, c’est que quand on le fait, la qualité et la tendresse soit au rendez-vous. Ces derniers temps, c’est devenu très planifié et il n’y a plus de place pour la spontanéité, mais cela reste quand même très bien et très romantique, ce qui me convient. Mais j’avoue qu’il y a des périodes où cela me manque plus et cela gruge parfois un peu mon moral. Au moins, habituellement, je me contente de coller mon chum, je me contente qu’on se serre dans nos bras et qu’on se fasse des câlins, mais ces temps-ci, il semble plus distant même à ce niveau. Combien de fois n’ai-je pas eu droit à une grosse accolade lorsque j’arrive de travailler ou que cela ne lui tente juste pas qu’on se blottisse l’un contre l’autre en regardant la télévision ou en s’endormant? Je sais que ce n’est que temporaire et qu’il s’agit en fait de détails passagers, mais j’avoue qu’il y a des moments où je trouve ça plus dur que d’autres et où toutes ces petites attentions me manquent vraiment cruellement.
J’essaie aussi de faire attention à ce que je mange, car j’aimerais perdre un peu de poids. Avant, je m’entraînais régulièrement, mais j’avoue que depuis plusieurs mois déjà, cela ne me tente juste pas. En fait, oui, cela me manque vraiment beaucoup et je le ressens, j’aimerais recommencer à m’entraîner comme avant, mais je suis si fatiguée en ce moment et je ne me vois pas recommencer à me lever à 4h régulièrement pour aller nager ou courir comme avant, alors que je ne dors pas très bien ces temps-ci et que j’aurais juste le goût de dormir et encore dormir. J’essaie donc de me reprendre pour le moment côté bouffe… et à mon grand désarroi, cela semble avoir l’effet opposé, car mes pantalons me font de plus en plus serrés! J’avoue que je suis un peu prise au dépourvu et je commence sérieusement à envisager d’aller voir une diététicienne… mais bon, cela fait encore une chose de plus à penser, à planifier… et à payer!
Côté financier
Sur le plan financier, j’avoue que depuis le temps des Fêtes, c’est un peu plus difficile pour moi. Mon chum m’a proposé de m’aider, mais je suis bien trop orgueilleuse pour accepter ses offres, surtout pour tout ce qui touche à l’argent : ce sont mes dépenses, j’ai peut-être exagéré un peu, mais j’assume et je vais réussir seule à me débarrasser de ce problème. Je fais même un peu plus d’heures à ma job pour un mois pour me donner un coup de main là-dedans, même si j’avoue que ces heures en plus ne sont pas nécessairement les bienvenues pour les raisons nommées plus haut…
C’est un peu déprimant, mais ça va et j’essaie d’être plus sage dans mes dépenses. Par contre, de voir mon chum ne pas arrêter de se payer ce qui lui tente au moment qui lui tente, alors que c’est principalement des gadgets et du superflu, j’avoue que cela finit par me tomber un peu sur les nerfs…
Côté stress
Je continue mes cours de conduite. J’ai passé un des premiers examens, ce dont je suis bien fière. Par contre, même si cela semble banal pour la plupart des gens, pour moi, c’est un poids et un stress énorme et chaque cours à venir occupe une place très importante dans mon esprit, et ce, pendant plusieurs jours.
Notre projet de rénover notre cave avance aussi petit à petit. Le plafond suspendu sera installé sous peu, ce qui marquera une étape majeure et très importante. Cela va enlever une grosse partie de ce qui reste à faire, mais j’avoue que tant que la peinture et le plancher ne seront pas terminés, cela va continuer à me stresser et j’ai dû mal à nous imaginer réussir à passer à travers tout ça.
Notre projet pour notre petit voyage en mai avance bien également. Mais cela représente beaucoup de stress également, car non seulement toutes les communications sont en anglais, mais en plus, la compagnie n’est peut-être pas la plus fiable qui soit. On le savait et on était conscient du certain risque que cela représentait et on a décidé ensemble de poursuivre dans cette voie. Maintenant qu’on en arrive à l’étape des réservations finales et de l’achat des billets d’avion, je ne peux qu’espérer que tout se passe pour le mieux. J’ai vraiment très hâte à ce voyage… mais pour le moment, j’ai surtout hâte de constater qu’il n’y a pas eu d’imprévu! Je serai soulagée lorsqu’on y sera et lorsque j’aurai la preuve qu’on ne s’est pas fait avoir!
Côté amies
J’arrive à voir en général chacune de mes amies une fois par mois. Je suis toujours heureuse de les voir et nos soirées ensemble se passent bien, mais chacune a ses propres problèmes en ce moment. La première ne pense qu’à son estime de soi et à son poids, assez que cela en devient presque une obsession et que presque toutes ses conversations tournent autour de ça. La deuxième a des problèmes à sa job et des problèmes financiers, alors, avec elle aussi, nos conversations tournent toujours autours de ces sujets. La troisième essaie de tomber enceinte par insémination artificielle et est bien découragée que cela ne fonctionne pas, et elle est tout aussi découragée de ses nombreux échecs avec les gars, ce qui fait qu’elle est un peu déprimée également ces temps-ci. Finalement, la quatrième est plus loin, je la vois moins souvent et je ne me vois pas lui parler de tout ça par simples courriels. Bref, je suis bien contente de les voir, mais j’avoue que c’est un peu manqué si c’était dans le but de me changer les idées!
Côté relation avec mon chum
Voilà où j’en étais jusqu’à il y a quelques semaines. Pas très joyeux, mais cela allait quand même, principalement car tout allait parfaitement bien avec mon chum. C’était ma raison d’être de bonne humeur, cela me faisait oublier tous mes problèmes, j’étais bien avec lui et chaque moment qu’on passait ensemble était merveilleux. J’avais des petits papillons dans le ventre chaque fois que je venais le retrouver et peu importe la journée que j’avais pu passer, je savais que le moment qu’on allait passer ensemble serait joyeux et qu’il allait effacer tout le reste. Lui, de son côté, tout semblait bien aller également et j’avoue que la question trans s’était même éclipsée de mon esprit pendant un petit moment.
Lorsqu’il m’a fait son annonce, comme quoi il serait prêt à parler de sa situation aux autres, c’est sûr que cela m’a donné un coup et je ne m’attendais pas à ça du tout, mais il me disait tellement qu’il était prêt à m’attendre, que tout allait bien pour lui et qu’il n’y avait pas de problème. Il semblait complètement en paix avec lui-même, il semblait plus heureux que depuis bien longtemps et il disait que je pouvais prendre le temps qu’il faut pour réfléchir à la question et qu’il serait là pour moi. Sur le coup, j’avoue que cela m’a rassurée et je n’ai pas trop paniqué. Je me suis dit que j’allais prendre le temps de bien réfléchir à tout ça… mais pour le moment, je n’ai pas vraiment pu encore, car il y a eu pleins d’autres choses depuis.
Le lendemain de cette annonce, comme je le mentionnais dans mon dernier message, la journée a été très difficile et en fin de soirée, il a paniqué. Cela s’était replacé, mais tout a changé ensuite et j’avoue que j’ai encore du mal à tout comprendre et surtout à savoir où il s’en va comme ça. Cette nouvelle a été un choc pour moi, mais les jours suivants et la réaction de mon chum ont été un choc encore plus grand et surtout un choc auquel je ne m’attendais pas du tout.
Dès le lendemain de ces évènements, mon chum n’a pas arrêté de me parler à quel point il aurait besoin d’être seul, à quel point il aimerait aller passer plusieurs jours loin de moi dans la nature, à quel point il avait besoin de se ressourcer.
Ses parents ont un magnifique chalet et ils vont l’ouvrir probablement à la mi-avril. Il s’est que je ne l’ai jamais empêché d’aller y faire un tour et cela a toujours été le summum pour lui. D’ailleurs, j’aime bien aller passer une partie de mes vacances d’été là-bas avec lui.
Mais là, ce n’était pas de ça dont il me parlait. Cela devenait presque une obsession et il tentait de trouver par tous les moyens quelque chose d’autre, rapidement. Il pensait se payer une fin de semaine quelque part d’ici une semaine ou deux. Il pensait aller dans une « retraite fermée » pour quelques jours. Il regardait si des groupes s’organisaient pour aller dans un endroit qui lui conviendrait.
C’était trop gros, trop soudain et il y avait trop d’impatience, je n’arrivais pas du tout à comprendre cet empressement surgit de nulle part à fuir je-ne-sais-quoi (moi peut-être?). J’avoue que je n’étais pas très chaude à l’idée et nos conversations à ce sujet ont souvent dégénéré. Il ne cessait de me répéter à quel point il en avait besoin tout de suite, à quel point il voulait être seul, à quel point ça pressait.
Tous les jours, nos conversations ne tournaient qu’autour de ça et même, lorsqu’il a été voir sa psy, il n’a même pas pensé de lui parler de l’annonce si importante qu’il m’avait faite : toute la séance a tourné autours de ce besoin irrépressible de partir loin en nature et maintenant. Cela m’a quelque peu fâchée, car il avait tellement paniqué le lundi de cette semaine-là et vite, il avait tout fait pour avoir un rendez-vous avec sa psy, pour finalement ne pas lui en parler du tout? Décidément, je comprenais de moins en moins et je me suis impatientée à plusieurs reprises.
Il avait trouvé un petit groupe qui partait justement en fin de semaine. Il m’en a parlé à tous les jours et comme je me suis dit que je n’aurais pas la paix avec ça tant qu’il n’aurait pas fait son fameux séjour loin de moi, j’ai commencé, avec réticence, à accepter et à m’intéresser à son projet. Je lui ai posé des questions sur les détails et quand je lui ai même proposé d’aller le reconduire le matin du départ, cela a dérapé et il a recommencé à me dire qu’il préférait être seul, qu’il préférerait que je ne l’appelle pas trop, que ce serait juste quelques jours. Finalement, avec toutes les questions que j’ai posé sur l’organisation et auxquelles il n’avait pas pensé (par exemple : s’il pleut, tu feras quoi? vas-tu être seul ou plusieurs par chambre? quel est le prix? …), il a préféré laisser faire, alors que je venais de lui donner mon accord plein et entier et justement comme je me disais que ça me ferait peut-être du bien à moi aussi de passer un petit moment seule. Il m’a finalement dit qu’il préférait passer la fin de semaine avec moi, ce que j’ai beaucoup apprécié, mais ce qui n’a pas empêché les conversations suivantes d’avoir lieu…
Il s’est mis à transformer son plan de partir quelques jours seul d’une autre manière : il a été marcher des heures et des heures durant une tempête de neige. Je n’ai rien contre le fait qu’il marche, loin de là, mais là, il avait choisi une des pires journées, où la poudrerie était au rendez-vous, ainsi que la glace sur les trottoirs et le froid. Surtout que la veille, il n’avait pas arrêté de me répéter qu’il était épuisé et qu’il ne pensait qu’à dormir. À son retour, je ne sais plus combien de fois il m’a répété que cela avait fait du bien et à quel point il faisait bon marcher seul ainsi, alors que moi, toutes les fois où je lui propose qu’on aille marcher, ça ne lui tente pas du tout.
La même chose s’est produite pour les repas au restaurant : deux fois, on s’est rejoint à Montréal et comme c’est rare qu’il y va, on aime bien en général en profiter pour essayer un nouveau restaurant, mais ces deux fois-là, ça ne lui tentait juste pas. Pas de problème… sauf que dès le lendemain, il en profitait pour prendre deux repas de suite au restaurant alors que je n’étais pas là.
Du jour au lendemain, sans m’en parler, il a pris la décision de prendre maintenant de tous petits soupers. À priori, je n’ai rien contre et qu’il veuille faire attention à ce qu’il mange, et même je trouve ça vraiment très bien (surtout qu’il commence à voir des résultats concrets), mais le souper est quand même un des moments les plus importants qu’on passe ensemble et il me semble que cela aurait été la moindre des choses qu’il m’en parle avant de mettre son plan en application. Je suis restée un peu surprise, quand deux jours de suite, je suis arrivée du travail et en lui proposant de préparer tel ou tel souper, qu’il me réponde « Fais ce que tu veux, je ne suis pas certain de manger, je me suis arrangé pour ne pas avoir trop faim pour le souper. ». Après, il se demandait vraiment pourquoi j’étais de mauvaise humeur!
Il a ensuite lancé l’idée qu’il pourrait aller dans un spa, que cela lui ferait du bien. C’est l’une de nos petites gâteries qu’on se paie de temps à autre, mais là, il insistait bien sur le fait qu’il aimerait y aller seul, car il aimerait pouvoir en « profiter pleinement » pour une fois, puisqu’il m’a dit que cela l’agaçait un peu lorsqu’on y allait tous les deux et qu’on se remettait à parler après la séance en tant que telle. Bien sûr, je n’ai jamais été au courant de ce fait et il n’a pas compris pourquoi sur le coup, cela m’a blessée comme idée.
Hier encore, alors que je l’accompagnais à sa première séance d’électrolyse pour finaliser sa barbe, à notre retour, il a carrément explosé en me disant qu’il avait bien hâte que j’arrête de le suivre ainsi d’une séance à l’autre et qu’il était capable de faire ses choses par lui-même, bref, que je n’avais pas besoin du tout d’être toujours là. Je l’avais toujours accompagné, car on s’était dit qu’on ferait toutes les étapes ensemble et parce qu’il m’avait déjà dit que cela lui faisait plaisir que je l’accompagne ainsi. S’il préfère que je ne vienne plus avec lui, c’est sûr que cela me fait un petit quelque chose et je vais respecter sa décision… mais il y a quand même des meilleures façons d’en parler.
Par la même occasion, il m’annonce que le prochain journal auquel il a travaillé va contenir son article. Je suis bien contente pour lui, mais je suis déçue, car cela faisait longtemps qu’il m’en parlait et je n’avais jamais su qu’il était terminé, encore moins qu’il allait être publié si tôt. À défaut de me le faire lire, il me semble que c’est le genre de nouvelle qu’on prend plaisir à partager avec l’autre dès qu’on le sait. En retour, il m’a dit que lui était déçu et tanné que je passe des commentaires et des critiques sur tout.
Je suis sensée réagir comment lorsqu’il me parle ainsi, en me démontrant une évidence dont je n’étais pas au courant du tout et qui va à l’encontre de tout ce qu’on fait habituellement?
Des situations comme ça, des idées comme celles-là, il y en a eu des tonnes depuis quelques semaines. À chaque fois, cela me blesse et je me sens rejetée, sans trop savoir pourquoi et lorsque je lui en parle, il me répond que ça lui tente, qu’il a besoin d’être seul et que c’est comme ça, alors, il faudrait que j’arrête de m’inquiéter et de lui mettre des bâtons dans les roues pour qu’il puisse répondre à ses propres besoins. Et moi, devrais-je accepter tous ces changements brutaux, complètement inattendus, sans rien dire ni m’inquiéter?
J’avoue que cela m’a fait perdre patience plusieurs fois et il y a eu plusieurs disputes à ce sujet. Et dans ces moments, plusieurs paroles sortent parfois, aussi coupantes que des couteaux. Un moment donné, je lui ai demandé platement pourquoi il cherchait tant à être seul, puisqu’il passe la majeure partie de ses journées seul à la maison, et il m’a répondu qu’il avait besoin d’être seul et loin. Je lui ai répondu que j’aimerais bien moi aussi pouvoir être seule quelques instants par semaine, mais que cela n’arrive jamais. Il m’a déjà dit qu’il était tanné qu’on ne fasse qu’écouter la télévision les soirs, et je lui avais alors répondu que j’avais toujours pleins d’idées d’activités et de sorties, mais que rien ne lui tentait jamais. Il m’a reproché de voir trop souvent mes amies et ma famille et que je ne faisais pas assez de choses à la maison, je lui ai répondu que toutes les fois où on commençait à faire quelque chose ensemble pour la maison, que bien souvent je terminais seule car il était trop fatigué…
Et ainsi de suite, plusieurs fois, durant plusieurs jours, nos paroles ont assurément dépassé nos pensées, mais à la longue, cela fait beaucoup de petits morceaux à recoller.
La conversation a toujours été notre point fort et on s’est toujours tout dit avec franchise. Toutes les fois où cela a brassé un peu plus, peu importe les raisons, on a toujours réussi à passer au travers en s’expliquant calmement et honnêtement peu de temps après.
En ce moment, j’ai l’impression que tout dérape et qu’on s’éloigne sans savoir pourquoi, sans même comprendre ce qui se passe. Le lendemain ou un peu plus tard, on essaie de se reparler de ce qui s’est passé, on s’excuse, on se dit qu’on s’aime et qu’on ne veut plus que ça arrive, on se fait un gros colleux… et avant même de s’en rendre compte, c’est reparti sur un autre sujet!
Alors qu’il ne cesse de me répéter qu’il a besoin d’être seul, je suis dans un de ces moments où j’ai juste besoin qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me réconforte. J’aurais besoin de sortir un peu et qu’on se change les idées ensemble, alors que lui, rien ne lui tente en ce moment. Je filais déjà plus ou moins avant tout ça, mais là, j’avoue que je vois mes pensées s’assombrir encore davantage avec tout ce qui s’est passé ces dernières semaines. Il m’a proposé d’aller voir sa psy et je commence à y songer sérieusement… mais pour ça, j’aurais au moins besoin de retrouver un peu de tendresse et de sourires entre nous deux avant de pouvoir envisager sérieusement cette option.
Il était sensé être bien avec l’annonce qu’il m’avait faite, il était sensé me soutenir et me laisser du temps et avant même que j’aie eu le temps de commencer à y réfléchir, j’ai l’impression que ça ne va plus du tout. Il trouve ça aussi dur que moi et on ne demande qu’à retrouver notre complicité et nos sourires, mais sans savoir pourquoi, tous les deux, on explose pour des riens.
Je sais que j’ai ma grosse part de responsabilité dans tout ça, avec toutes mes sautes d’humeur continuelles, je peux comprendre que mon chum ressente le besoin de s’éloigner un peu pour mieux respirer. D’ailleurs, je le trouve malgré tout très patient avec moi, car je lui en fais décidément voir de toutes les couleurs ces temps-ci.
Je suis prête à mettre les efforts qu’il faut pour ne plus m’emporter et m’impatienter pour des détails, mais j’aimerais bien qu’il fasse aussi l’effort de me comprendre un peu et de cesser de vouloir changer toutes nos habitudes ainsi.
J’ai confiance que tout va se replacer et que notre amour sera toujours aussi fort, mais pour le moment, j’avoue que le moment est assez dur à passer et j’ai hâte de retrouver un peu de soleil entre nous deux!