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Compagne de trans (MtF)
20 novembre 2009

Mon histoire depuis 6 mois

Dès le début de notre relation, mon chum m'avait dit qu'il aimait bien s'habiller en femme une fois de temps en temps. J'avoue que cela m'avait surprise, mais ça ne me dérangeait pas tellement. J'apporte peu d'importance au look et qu'il aime porter des jupes en privé ne me fâchait pas.

J'avoue aussi que je voyais plus ça comme un fantasme. Il avait pris soin de me le dire, car si j'étais tombée sur un vêtement féminin par hasard, c'était pour éviter que je pense qu'il me trompait avec une autre femme et j'avais apprécié son honnêteté.

Parfois, dans nos jeux intimes, il me disait qu'il aurait bien aimé que je lui fasse porter une jupe ou une robe. Encore là, je lui disais que ça ne me dérangerait pas, mais qu'à priori, ce n'était pas du tout un de mes fantasmes et que cela me laissait complètement indifférente. Il aurait bien aimé, mais on ne l'a jamais fait finalement.

Parfois, sans raison apparente, il avait des moments de déprime et de panique, et bien souvent, dans ces moments de déprime, il revenait sur le sujet qu'il s'habillait en femme à l'occasion. S'ensuivait alors de longues discussions, où je le rassurais et où je lui disais que ça ne me dérangeait pas du tout qu'il s'habille ainsi. Il me répondait qu'il se sentait coupable, qu'il était mal dans le fait d'aimer ça et qu'il avait peur de me perdre à cause de tout ça. À chaque fois, je le rassurais, mais j'avoue qu'intérieurement, ça me tapait un peu sur les nerfs qu'il revienne sans cesse là-dessus.

Puis, après mes vacances au mois d'avril, il y a eu quelque chose. Je ne saurais dire quoi, mais tout avait changé dans notre relation. Il était devenu froid et distant, on ne se parlait presque plus, on ne se touchait plus, on avait souvent des chicanes pour des niaiseries et j'avais l'impression qu'il voulait m'éviter le plus possible. Cela a duré plus d'un mois, où je ne savais plus où me mettre, quoi faire et quoi penser.

J'en étais venue à douter de lui (est-ce qu'il me trompe?) et je le suppliais de me dire ce qui n'allait pas, mais il ne faisait que s'enfermer un peu plus sur lui-même. J'étais au désespoir, je ne comprenais pas et presque tous les soirs, je pleurais avant de m'endormir en priant pour que ça revienne comme avant.

Finalement, un soir, il a craqué et il m'a dit qu'il n'en pouvait plus de s'habiller en femme comme ça. J'ai été surprise sur le coup que tout tourne encore autours de ça, mais j'étais contente que l'abcès commence à crever.

Puis, à force d'en parler, j'ai compris qu'il ne suffirait pas juste de le réconforter cette fois-ci, c'était plus que ça. Je lui ai donc suggéré d'aller consulter un psy qui serait plus en mesure de l'aider que moi, même si j'étais prête à l'écouter autant qu'il voudrait.

Je savais qu'il avait déjà consulté pendant des années avant de me connaître. Je savais aussi qu'il avait déjà fait de grosses dépressions et avait déjà eu des problèmes d'alcool et je me doutais bien aussi qu'il avait déjà eu des idées suicidaires bien avant de me rencontrer. Je n'avais jamais posé trop de questions par rapport à tout ça et je n'aurais pas pu dire le pourquoi exactement, mais son état actuel commençait à m'inquiéter sérieusement et j'envisageais qu'il refaisait peut-être une nouvelle dépression.

Il "magasine" donc quelques psys et il me dit qu'il a trouvé une psy-sexologue qui semble très bien. Comme il veut parler du fait qu'il s'habille en femme, cela ne m'a pas dérangé qu'elle soit également sexologue.

Je pensais que tout irait en s'améliorant et je continuais à être là pour lui, mais le mois suivant a été tout aussi pénible sinon plus que le précédent. Et lorsqu'il revenait de son rendez-vous avec la psy (qu'il voyait à toutes les semaines), il en était tout chamboulé pour plusieurs jours.

Il ne semblait pas être question de dépression, mais d'autre chose que je ne savais pas encore. Il a même été voir son médecin de famille à ce moment pour s'assurer que tout était "correct".

Alors que je me dis intérieurement que je n'en peux plus et que je vais bientôt sauter une coche, il se décide à me parler plus sérieusement. Cela s'est fait en plusieurs fois, en plusieurs semaines et j'ai posé énormément de questions.

J'ai donc appris qu'il n'aimait pas juste s'habiller en femme, mais qu'il souffrait de dysphorie de genre. Il me dit que cela a toujours été le cas, bien avant son accident même. Il se rappelle en étant très jeune, d'avoir toujours eu une fascination pour les vêtements et les sous-vêtements de sa mère, qu'il en mettait en cachette, avant même de savoir ce que voulait dire une brassière et de pouvoir différencier un gars d'une fille, il savait qu'il y avait quelque chose qui clochait chez-lui. C'est la cause de ses anciennes dépressions, de son ancien problème d'alcool et du pourquoi il consultait une psy avant de me connaître.

Je ne réalise pas encore tout ce que cela signifie, tout ce que cela implique. J'ai beau posé beaucoup de questions, je ne comprends toujours pas. Je commence donc à m'informer plus en détails. Je consulte internet, bien entendu, mais j'ai aussi consulté des tonnes d'articles scientifiques et médicaux à ce sujet (l'avantage de mon milieu de travail d'avoir accès à pleins de sources d'informations médicales, techniques et scientifiques, sans oublier les nombreuses revues spécialisées).

Ce que j'y découvre m'effraie complètement. Dysphorie de genre = une femme dans un corps d'homme. Rares sont les personnes qui vivront cet état sans penser à la solution (hormones, chirurgies) et sinon, la plupart qui ne traiteront pas leur cas penseront au suicide ou seront internés.

Cela me fout la trouille complètement et je m'accroche au mince espoir que ça ne peut pas être ça, non?

Je continue à lui poser des questions et à me renseigner, mais je ne vois plus d'issue et je vois déjà ma vie brisée, surtout que la plupart des témoignages que je trouvais sur internet faisaient mention que la vie de couple était instantanément brisée, qu'une séparation était inévitable, etc.

On continue à se parler franchement, même si ce n'est pas toujours facile et certainement pas joyeux. Lui se sent mal avec ça, il ne comprend pas non plus et il n'accepte pas cette situation, il cherche toujours un moyen "de s'en sortir" ou de "guérir" et il regarde toutes les options possibles et imaginables. En même temps, il voit bien l'état dans lequel je suis et il s'excuse sans arrêt de me faire vivre tout ça, il se sent tellement coupable.

Je lui demande un moment donné, s'il ne m'avait pas connu, s'il aurait pensé avoir recours aux hormones et/ou à la chirurgie. Car qu'il s'habille en femme, ça ne me dérange pas, qu'il sorte habillé en femme, je pourrais aussi l'accepter, mais en autant qu'il reste un homme physiquement pour moi!

Il me dit alors qu'il l'aurait souhaité ardemment, mais étant donné son état de santé, jamais il ne pourrait se rendre jusque là.

Avec mon égoïsme démesuré, c'est la petite pointe d'espoir qui luit dans le noir : s'il ne peut pas changer son corps, il restera toujours mon chum et l'homme que je connais. Je m'accroche à cette pensée et je ne peux envisager qu'il en soit autrement.

Mais les semaines passent et je me rends bien compte qu'il est malheureux, qu'il est au plus mal et qu'il pense à ça sans cesse. Finalement, il me dit qu'il n'exclut pas éventuellement les hormones et la chirurgie, mais qu'avant, il veut s'assurer qu'il n'y a vraiment aucune autre solution.

Un samedi matin, il se lève plus tôt que moi et à mon réveil, j'ai la surprise (très mauvaise surprise je dois dire!) qu'il a complètement rasé sa barbe et sa moustache. En tant que tel, je m'en fous un peu qu'il ait une barbe ou non, mais c'est tout ce que son geste implique et donne comme sens qui me fait chavirer.

Non, ce n'est plus juste en théorie, il y pense pour de vrai, il commence sérieusement à vouloir modifier son corps et je me rends compte que je n'ai plus aucun contrôle là-dessus.

Alors là, tout s'écroule pour de bon autour de moi et je sombre dans une presque dépression. C'est bien simple, cela envahit toutes mes idées, je ne fais que penser à ça peu importe où je suis et j'ai pratiquement toujours le goût de pleurer. J'ai dû mal à me concentrer à ma job, je déprime, j'en perds l'appétit, je panique carrément à tout instant, j'ai le goût de pleurer tout le temps, j'ai du mal à dormir, je n'arrive plus à me donner à fond lorsque je vais m'entraîner, bref, tout tourne autours de ça et c'est un véritable cauchemar dans lequel je ne vois plus aucune issue.

Et ce qui n'aide pas, c'est que toutes nos conversations tournent également autours de ce sujet. Je reviens du travail, on parle de ça en soupant et le restant de la soirée. On va souper au restaurant, on ne fait que parler de ça. On prend l'autobus ensemble et c'est le seul sujet de conversation. Bref, il n'y avait vraiment plus rien que ça dans notre vie et je me sentais étouffée petit à petit.

Là, à ce moment, je dois dire que j'ai pensé sérieusement à tout laisser tomber et à m'en aller. Mais je l'aime tellement, je n'arrivais pas à me décider et je me disais que j'étais capable de passer au travers de ça, que je ne voulais pas le laisser.

On a continué à jaser et je lui ai demandé un temps de réflexion. J'allais continuer à réfléchir, j'allais continuer à me renseigner et à lui poser des questions, mais sinon, j'avais besoin d'une petite période d'accalmie et qu'on ne fasse plus que parler de ça.

Je crois qu'il a bien compris ma détresse et il a bien vu que je voulais faire un gros effort, il a donc respecté ma demande et on a arrêté d'en parler à chaque fois qu'on était ensemble. Bon, je continuais à y penser tout le temps, mais juste le fait de ne plus parler juste de ça quand j'étais avec lui, cela m'a déjà soulagé d'un grand poids sur les épaules.

Être capable de recommencer à rire de son sens de l'humour débordant, pouvoir regarder une comédie à la télévision, pouvoir prendre un bon souper juste nous deux sans tomber dans le mélodrame avec nos discussions, cela a beaucoup aidé.

J'ai aussi découvert quelques ressources en ligne (voir mon message "Quelques ressources") où j'ai pu enfin réaliser que je n'étais pas la seule dans mon cas et qu'il y avait des couples qui continuaient à bien aller malgré la transidentité de l'un des partenaires. Non, je n'étais pas folle de vouloir rester avec lui malgré ça! Oui, on pouvait être heureux quand même! Oui, il y a plus de gens dans cette situation qu'on pense! Non, il ne changera pas de personnalité même après une transition, ce n'est que le corps qui changerait! Bref, j'ai réalisé que je n'étais pas seule et que ce n'était pas nécessairement la fin du monde!

Petit à petit, je me suis fait une raison et je me suis fait à l'idée. C'est toujours aussi omniprésent et aussi dur, mais je suis capable de (peut-être) envisager qu'il commence une transition physique éventuellement. Je suis toujours en pleine réflexion, mais ce n'est plus un non catégorique.

Entre-temps, il a commencé à me montrer le linge de femme qu'il mettait et il a même commencé à s'habiller ainsi devant moi. Ça me fait toujours un petit quelque chose de le voir ainsi, mais pour le moment, ça se supporte bien.

Comme son choix de vêtements féminins n'était pas très grand, on a convenu d'aller magasiner quelques morceaux de linge ensemble. Je dois avouer que la première fois, je ne savais plus où me mettre et j'ai paniqué un peu, mais la deuxième fois a beaucoup  mieux été. On sait maintenant quelle grandeur il a besoin, on y va ensemble, on regarde discrètement et on fait comme si c'était pour moi. On a aussi trouvé de nombreux morceaux "passe-partout", c'est-à-dire des vêtements de femme mais qui peuvent aussi être portés par des hommes sans se faire trop remarquer ou sans amener trop de questions. Et à mon grand étonnement, je dois avouer que cela lui fait très bien!

Il continue à aller voir sa psy à toutes les semaines. Elle a même voulu me rencontrer une fois. Je dois avouer que j'y suis allée vraiment à contre-coeur et finalement, cela ne m'a rien apporté de plus pour moi. Je n'ai rien contre sa psy et elle semble vraiment une spécialiste des personnes trans. Je crois qu'elle peut sérieusement l'aider, même si je la trouve un peu trop axée sur la transition physique et qu'elle n'a aucune connaissance en traumatisme crânien. Mais moi, personnellement, je n'éprouve pas le besoin d'aller raconter ce que je ressens à une psy et elle ne semblait pas tenir compte qu'un couple peut perdurer dans cette situation, ce qui m'a quelque peu agacée et qui m'a décidé à ne pas retourner la voir.

Voilà pas mal où nous en sommes après plus de 6 mois. Ce n'est toujours pas facile et on a chacun notre tour des moments de déprime et des meilleurs moments. J'y pense toujours autant (et lui aussi, évidemment!) et cela me fait toujours aussi mal, mais je suis quand même capable d'envisager tout ça un peu plus sereinement.

Mon chum est toujours aussi mêlé et n'accepte toujours pas la situation (il espère toujours pouvoir en "guérir"). Il veut remettre le plus loin possible une future transition, mais moi, je me rends bien compte qu'on s'en va vers là tranquillement...

La psy et le médecin de mon chum lui ont prescrit un anti-dépresseur. Non pas qu'il fasse une dépression, mais ils croient que cela pourrait l'aider à se "démêler" et à mettre un peu d'ordre dans ses idées et éclaircir ce qu'il souhaite vraiment ou non.

Cela fait un peu plus d'un mois qu'il prend son médicament. Il voit de petites différences, comme un peu moins de moments de panique, et au début il ressentait moins le désir de s'habiller en femme, mais pas plus et c'est toujours aussi omniprésent. Il espère encore que cela va le "guérir"...

Parfois, il a des moments de déprime et il recommence à raser sa barbe et sa moustache. D'autres fois, il me dit que tout va bien et il laisse pousser sa barbe. J'ai un peu de mal à le suivre, mais j'attends avec lui, je continue à me renseigner.

Tout ce que je souhaite, c'est lorsqu'il sera plus décidé, qu'on fasse tout le cheminement à deux. J'ai toujours peur de le perdre, j'ai toujours peur des transformations physiques, mais je crois que je pourrais l'accompagner jusqu'au bout, peu importe la voie qu'il choisira, en autant qu'on prenne le temps d'y aller étape par étape.

Tout ce que je lui demande, c'est de ne pas aller plus vite que ce que je suis capable et qu'il me parle vraiment de tout (plus de mauvaise surprise comme le matin où il a rasé sa barbe sans m'en parler!). Avec le respect, la confiance, la communication et l'amour qu'on a l'un pour l'autre, je suis sûre que nous arriverons à passer au travers ensemble...même si on n'a aucune idée de ce que sera l'avenir!

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Commentaires
M
C'est fou. C'est exactement ce que je vis en ce moment. Je suis transgenre malgré moi et je voudrais guérir...mis pour le moment sns succes. J'envisage serieusement de vivre en femme et de voir si je décide de passer le cap..mais j'ai vraiment très peur!
J
prendre des ormones réussit pourtant à bcp l'avis d'un médecin est quand meme souhaitable
C
bonsoir, j'ai lu avec attention votre histoire, le seul conseil que je peux vous donner, surtout ne prenez pas des hormones, au hazard c'est dangereux, j'étais comme votre époux, j'étais jeune, svelte bel homme, j'ai pris des hormones aujourd'hui je ressemble à une femme, je suis devenue ronde pour ne pas employer le mot grosse, je vis seule mon épouse m'a quitté, j'ai perdu mon emploi, je me retrouve à faire des ménages pour une collectivité, ah oui je suis femme mais à quel prix, réffléchissez bien, on ne choisi pas la grosseur de sa poitrine ni ses formes c'est les hormones qui font le reste si je pouvais je vous mettrai une photo, je suis devenue un vrai boudin
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