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Compagne de trans (MtF)
24 novembre 2009

Orientation sexuelle

J’essaie d’analyser ce que je vis depuis quelques mois. J’essaie de comprendre pourquoi je suis si réticente à ce que mon chum entame une transition physique.

J’aime mon chum et je sais que je l’aimerai toujours. Je sais que j’aime une personne pour ce qu’elle est et non pas juste un corps, alors, cela ne devrait pas me déranger qu’il veuille accorder son corps à ce qu’il est vraiment, non? Et pourtant, je n’arrive pas à me faire à l’idée!

Pourquoi? Pourquoi certaines personnes y arrivent sans mal? Pourquoi je lis pleins de témoignages, de blogs et de forums et que je comprends la situation des autres mais que je n’arrive pas à l’appliquer dans ma propre vie? Pourquoi je n’arrive pas à donner le « go » à mon chum, signal qu’il attend sans doute avec une grande impatience? Pourquoi je n’arrive pas à l’encourager pour qu’il devienne ce qu’il est vraiment?

Admettons que mon chum décide d’entamer une transition physique, qu’est-ce que cela changerait concrètement pour moi?

Il faudrait faire l’annonce à nos familles respectives et à nos amis. Je ne doute pas que ses parents accepteraient la situation, mais j’ai beaucoup plus de doutes concernant son frère (presque sûre qu’il le renierait), ses cousins, ses cousines, ses oncles, ses tantes... De mon côté, mes soeurs l’accepteraient sans doute. Pour mes parents, je crois que cela briserait quelque chose carrément, car ils sont vraiment homophobes et assurément transphobes et je ne crois pas qu’ils l’accepteraient. Est-ce qu’il me rejetteraient? Je ne crois pas (du moins, j’espère pas!), mais je crois que mon chum ne serait plus le bienvenu du tout. Je crois par contre que je ferai un prochain message sur ce qui me fait peur concernant la réaction des autres, car je crois que j’en aurais long à dire là-dessus...

Pour notre projet d’avoir des enfants et de fonder une famille, je ne sais pas ce que ça impliquerait. Sur le plan technique, on pourrait faire congeler de son sperme avant la transition et s’en servir quand on serait prêt. Mais serais-je prête à élever des enfants dans cette situation, alors que nos propres familles auraient considérablement rétréci? Je ne sais pas... c’est un sujet délicat, j’y reviendrai également dans un prochain message. Mais bon, admettons que malgré la transition, cela ne changerait rien, sur le plan technique du moins.

Dans la société, cela devient un peu moins évident. C’est sûr qu’il attirerait l’attention, mais je crois que les moeurs et les mentalités changent petit à petit et cela sera sans doute de plus en plus accepté comme situation, un peu comme l’homosexualité maintenant. Bien sûr, moi qui aspirais à mener une petite vie tranquille sans attirer l’attention, ce serait un peu manqué. Mais bon, je crois que je serais, éventuellement, capable de vivre avec ça et ce que ça implique.

Alors, pourquoi ai-je tant de peurs, de craintes et d’amertume face à la transition physique? Pourquoi juste au fait d’y penser, je panique et cela m’empêche de dormir carrément? Pourquoi lorsque j’y pense un peu plus sérieusement, je me mets à pleurer?

Je crois que cela touche deux aspects importants. Le premier, c’est que mon chum a déjà une santé très fragile. Que ce soit le traitement hormonal ou les chirurgies, on parle de gros risques pour la santé et d’interventions majeures et juste à penser qu’il pourrait arriver quelque chose à mon chum, j’en tremble d’effroi. Et pour avoir lu sur des sites internet que des interventions peuvent mal se dérouler, que la prise d’hormones peut entraîner des problèmes de santé graves, la hantise qu’il lui arrive quelque chose est toujours omniprésente. Je l’aime tellement, je ne pourrais pas m’imaginer vivre sans lui.

Oui, je crois que je viens de toucher un point important, mais je crois qu’il y a autre chose aussi, autre chose qui occupe plus de place dans mon esprit pour le moment.

À force de bien y réfléchir, je réalise que j’ai peur de ne plus être attirée du tout physiquement par mon chum une fois qu’il aura entamé sa transition.

Je suis une fille et j’ai toujours été attirée par les hommes. Je n’ai absolument rien contre les couples homosexuels, mais moi, ce n’était tout simplement pas mon cas. Enfant, je rêvais au prince charmant et au secondaire, je ne regardais que les garçons. Je n’ai jamais été attirée par les filles, même dans mes rêves les plus débridés ni dans mes fantasmes les plus fous. Je n’ai même jamais été curieuse de savoir « qu’est-ce que ça ferait d’être avec une fille ». Je me suis toujours considérée comme hétérosexuelle et je n’arrive pas à me voir autrement.

Et je ne parle même pas par rapport aux autres et dans la société, ou de comment c’est vu par les gens qui m’entourent. Je parle de moi, personnellement et tout simplement. Quand je regarde un film dans notre salon, blottie dans les bras de mon chum, j’essaie d’imaginer qu’est-ce que ça changerait s’il avait entamé une transition et que ce soit un corps de femme qui soit à côté de moi... et je n’y arrive tout simplement pas sans éprouver un grand dégoût et une envie de me décoller rapidement.

Je n’ai vraiment aucune attirance physique pour les femmes. Même si je sais au fond de moi qu’il a un corps d’homme mais que son esprit est celui d’une femme... ça ne me dérange pas car ça reste un corps d’homme et ça correspond à ce qui m’attire!

Là, je vois tout de suite une levée de boucliers et les gens me répondre que lorsqu’on aime une personne, on l’aime pour ce qu’elle est vraiment et intérieurement et que l’aspect physique n’est qu’accessoire et peu important.

C’est vrai, je l’avoue, mais avoir une certaine attirance envers l’autre, c’est aussi ça l’amour. Si vous ne ressentez rien, mais vraiment rien, pour l’autre, si vous n’éprouvez plus l’envie de coller l’autre personne ou de la toucher et de l’embrasser, si elle vous inspire du dégoût carrément, je ne suis pas certaine que dans ces conditions, l’amour pourrait résister bien longtemps.

C’est vrai que l’aspect physique, ce n’est pas ce qui compte le plus, mais je continue à dire que ça compte quand même un petit peu. L’autre personne peut avoir pleins de défauts et être loin d’avoir un corps parfait, il y aura toujours une petite partie que l’on va aimer chez l’autre, un petit quelque chose qui fait qu’on oublie tout le reste.

Alors, là, je crois que je viens de mettre le doigt sur le problème principal!

Je suis hétérosexuelle, j’aime un homme et j’ai peur, une fois sa transition commencée, de ne plus rien éprouver pour lui, de m’en détacher et qu’on perde l’amour qui nous a unit ces dernières années. J’ai peur que cela devienne tout simplement une amitié.

J’ai peur de ne plus être attiré par lui, j’ai peur de ne plus être capable de le regarder et de le toucher comme maintenant. J’ai peur que la transition ne fasse qu’éteindre la flamme de notre passion et de notre amour.

Je me dis qu’on ne peut pas changer d’orientation sexuelle comme ça, si c’était aussi facile, plusieurs homosexuels décideraient sûrement de devenir hétérosexuels pour ainsi avoir une vie plus facile et être plus acceptés dans le restant de la société.

On ne décide pas de notre orientation sexuelle. Certains sont hétérosexuels, certains sont homosexuels, certains sont bisexuels, certains sont autres... Personne ne décide ce genre de chose, c’est un état, on naît comme ça, tout simplement.

Alors, est-ce trop utopique dans mon cas de penser que j’arriverai à me changer car j’aime mon chum? Est-ce que j’arriverai à changer d’avis sur la question et à voir la transition autrement? Je le voudrais de tout coeur, mais je ne sais pas...

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Commentaires
A
Est-ce plus facile de commencer une transition en célibataire ou en étant avec quelqu'un? Je ne sais pas... Dans la première situation, la personne trans fait vraiment ce qu'elle juge bon pour elle, sans se soucier de ce que son(sa) partenaire pourrait penser. La personne trans est seule maître à bord. <br /> <br /> Mais d'un autre côté, faire tout ce cheminement seul doit être terriblement éprouvant. Il me semble que c'est le genre de moment où on a besoin de se sentir épaulé, d'être soutenu et réconforté, il me semble que ça doit être plus facile lorsqu'on est deux. <br /> <br /> Mais être deux implique parfois faire des compromis, des concessions, avoir peur de faire du mal à l'autre, ce qui ajoute un poids supplémentaire sur les épaules de la personne trans. <br /> <br /> Ça mérite réflexion... Dans mon cas, mon chum est avec moi et on a bien l'intention de traverser ça ensemble, alors la question ne se pose pas vraiment à savoir comment cela aurait été s'il avait été seul. Mais cela amène tout une autre série de questions et inquiétudes et j'essaie vraiment de trouver des "réponses" personnelles pour qu'on puisse vivre ça du mieux possible.
T
Là dessus, je comprends ta reactionmais ce n'est vraiment pas avec un bouclier que je me présente devant toi contrairement à ce que tu pourrais penser :P...est-ce que je devrais dire que j'ai de la chance d'avoir commencé ma transition en étant celibataire?????? :s je sais pas,...tu vois, moi avant de commencer à assumer le fait que je sois transsexuelle, je repoussait autant les filles que les gars,...je voulais pas etre un gars gai,....mais je pouvais pas m'imaginer en train de "sauter" une fille, avec mes chums de gars qui tous croyaient que j'étais un heterosexuel, je regardais les filles sans que personne sache que ce que je me disais ds ma tete c qu'un jour je serais peut etre belles comme elles pendant qu'eux passaient des commentaires du genre " regardes la chiks, elle je la fourrerais drette là" ça me dégoutait. autant le commentaire que l'idée. je comprends tellement ta peur face à cette situation.
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