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Compagne de trans (MtF)
21 décembre 2009

Frénésie de Noël

Vous allez sûrement me demander ce que vient faire Noël dans un blog comme celui-ci? J'y arrive, si vous prenez le temps de lire le message au complet...

Comment pourrais-je décrire ce que je ressens? Je ne sais pas trop...

Disons que j'ai toujours aimé Noël et le temps des Fêtes et cela a toujours été ma période préférée de l'année, celle que j'attends avec le plus d'impatience. Je suis restée comme une grande enfant qui compte les dodos avant le grand jour! J'ai même déjà travaillé de nombreuses années comme animatrice dans un village de Noël, c'est tout dire!

Je suis du genre à vouloir pleins de décorations chez-moi, à mettre pleins de lumières colorées, à dépenser sans compter pour faire plaisir à tous ceux que j'aime et à vouloir toujours en faire plus pour que tout soit parfait. Je ne pense qu'à ça, je me concentre juste sur ça, bref, pendant un mois, tout tourne autours du temps des Fêtes.

Évidemment, avec le travail et mon petit défaut d'être souvent à la dernière minute, c'est aussi la période où je cours le plus, où je suis le plus occupée, où je manque le plus de temps et où la fatigue s'accumule bien vite. Je dirais même que parfois, je dépasse mes limites et il n'est pas rare que j'ai des petits problèmes de santé durant cette période... comme en ce moment d'ailleurs! Mais c'est tellement une période de joie que ça vaut bien à mon avis tous les désagréments que cela comporte!

Pour mon chum, c'est un peu l'inverse. Avant de me connaître, il ne décorait pas pour Noël, il lui arrivait de manquer des réveillons dans sa famille et parfois de s'en foutre tout simplement. D’autres fois, il déprimait carrément durant cette période et avait juste hâte que ce soit terminé. Depuis qu'on est ensemble, il a bien vite compris que tout ce qui entoure Noël est très important pour moi et il fait l'effort de participer et d'y prendre plaisir pour moi (ce que j’apprécie énormément), même si c'était juste de lui, il sauterait bien une fois ou deux pour aller voir sa famille durant cette période!

Cette année, j'ai l'impression que c'est un peu différent pour moi. Je n'arrive pas à mettre la raison du pourquoi, mais ce que je sais, c'est que je suis un peu moins emballée que d'habitude et que je m'applique un peu moins que les autres années.

Il y a bien sûr mon foutu mal de dos que je traîne depuis la mi-septembre qui me draine sans cesse mes énergies et qui me fatigue beaucoup étant donné que je dors très mal. Je dirais même que je suis épuisée depuis de nombreuses semaines et cela m’a quelque peu assommée à l’approche du temps des Fêtes.

Il y a aussi le fait que pour la première fois, le jour même de Noël, je n'ai rien de prévu et juste à y penser, ça me met le coeur gros, même s'il y aura quand même la veille de Noël et le Jour de l'An où je pourrai me reprendre.

Mais j'ai l'impression qu'il y a plus que ça...

En fait, je crois que c'est parce que c'est le premier Noël où il y a une question trans dans ma tête. Cela me fait repenser inévitablement à tout ce qu'il y a eu cette année. Je ne regrette rien, mais qu'on le veuille ou non, ça change un peu les perceptions et la manière de voir les choses. Il y a eu beaucoup d'émotions, beaucoup de moments difficiles et beaucoup de changement de situations. Ça fait quelque peu réfléchir...

En plus, je me suis rendue compte que je pensais tellement à Noël que j'en oubliais presque de me concentrer sur la situation actuelle. Mon chum est entré à l'hôpital il n'y a pas un mois et encore la semaine dernière, j'ai failli ne pas voir à quel point il était découragé et déprimé. Je manque de temps pour faire tout ce que j’aimerais et c’est à cause de ce manque de temps et de cette course effrénée que je n’ai pas vu que mon chum n’allait pas! Je me sens coupable de mettre plus d’effort ces derniers jours sur Noël que pour aider mon chum.

Je me sens donc un peu partagée. J’aimerais tant qu’il y ait une petite « accalmie » durant le temps des Fêtes, que tout aille bien pour une semaine, qu’on se concentre là-dessus et qu’on ne pense à rien d’autre. On fait la fête, on est heureux et après, on repart avec un meilleur moral pour ce qui nous attend et on entame 2010 au mieux de notre forme! En plus, il me semble que ça me ferait tellement du bien de me changer complètement les idées (à vrai dire, je crois que ça nous ferait du bien à tous les deux!). Finalement, très égoïstement, j’aime tellement Noël qu’il me semble que je serais très déçue si quelque chose venait gâcher l’ambiance magique de cette fête et que cela saperait mon moral au plus haut point.

D’un autre côté, je sais très bien que pour mon chum, en partant, c’est loin d’être sa période préférée. Ensuite, qu’on soit en train de fêter ou non, je sais bien que lui, son mal-être est toujours là. Il peut le cacher pour ne pas me « gâcher » ma journée, mais je sais que lui, il y pense tout le temps, sans pause, peu importe le moment et la situation. Et ces temps-ci, il faut avouer qu’il y pense encore plus et que cela le rend très mal avec tout ça. En plus, dès que les Fêtes seront terminées, il commencera l’épilation laser de sa barbe et même s’il est content, je crois que cela le fait aussi beaucoup réfléchir. Bref, pour lui, c’est loin d’être la joie.

Je me sens donc égoïste de vouloir fêter malgré tout ça. Je me dis que j’aurais pu mettre pour cette année de côté le temps des Fêtes et m’occuper de mon chum encore plus. D’un autre côté, je me dis qu’il ne faut surtout pas arrêter de vivre et ne penser qu’à ça, car ça deviendrait vite étouffant et je ne suis pas certaine qu’on réussirait à s’en sortir de cette manière.

Je voyais le temps des Fêtes arriver et je me disais que ce serait le petit baume qui viendrait terminer en beauté cette année qui a été passablement difficile (pour plusieurs raisons et pas seulement par rapport à la question trans). Une petite transition de joie avant de commencer l’année prochaine, qui risque également d’amener son lot d’émotions et de difficultés. J’espérais que ce serait la même chose pour mon chum et qu’il ne ferait pas juste « semblant » de fêter, qu’il le prendrait aussi joyeusement que moi, se laissant un court répit avant la suite des choses.

Je réalise que je m’étais trompée sur ce point. Oui, Noël arrive et on va faire comme si de rien n’était, on va fêter et sourire... mais je réalise qu’on ne peut pas mettre de côté complètement tout ça et qu’autant mon chum que moi, on aura toujours toute cette question trans en tête.

Je ne peux pas faire l’autruche non plus et faire comme si de rien n’était, contrairement aux autres années où c’était quand même là pour mon chum mais que j’ignorais complètement l’existence de cette situation.

D’ailleurs, je crois que c’est la grosse différence de cette année : c’est que cette année, je le sais. C’était probablement pareil les années précédentes pour mon chum, mais il le cachait très bien et je n’avais pas le moindre doute là-dessus. J’ai toujours su qu’il ne trippait pas autant sur Noël que moi, mais pour moi, ça s’arrêtait là, tout simplement.

Cette année, je le sais et c’est ce qui fait la grosse différence. Mon chum se permet aussi de me partager ses émotions, ce que je trouve très bien, car je n’ose imaginer à quel point c’était dur à porter avant, quand il devait faire comme si de rien n’était avec moi. Je suis sûre que cela l’a beaucoup aidé de partager la situation avec moi et je ne regrette rien du tout.

Mais il n’en demeure pas moins qu’en cette période de réjouissances, je trouve la vérité un peu plus dur à accepter.

C’est dur d’être dans l’esprit des Fêtes dans ces conditions. C’est dur d’emballer joyeusement des cadeaux lorsqu’on sait que son chum déprime dans la pièce d’à-côté. C’est dur d’être contente de voir du monde lorsqu’on sait que son chum ne pense qu’à ça et qu’il a l’esprit bien occupé par des sujets plus sérieux. C’est dur de magasiner du linge pour rayonner le jour de Noël lorsqu’on sait que son chum ne s’aime pas et que pour lui, c’est un véritable calvaire. C’est dur d’avoir l’esprit à la fête lorsque son chum a du mal à sourire à côté de soi et semble down. C’est dur d’aller passer une journée au centre d’achats pour magasiner des cadeaux lorsqu’on sait que son chum se morfond seul à la maison. C’est dur de vouloir se promener pour aller admirer les décorations de Noël lorsqu’on a mal au dos et que son chum préfère aller marcher seul pour se changer les idées. ...

Bref, je suis peut-être égoïste, mais j’ai décidé quand même d’essayer de profiter le plus possible du temps des Fête. J’aurais aimé que mon chum fasse de même, mais ce n’est pas le cas. Plutôt que de lui en vouloir ou m’apitoyer sur notre sort, je me suis dit que j’étais mieux de me libérer l’esprit un peu, de faire de petites réserves de joie et de bonheur, pour être en meilleure forme dès janvier et pouvoir l’accompagner et le soutenir du mieux que je peux.

De toute manière, je crois que ce n’est pas juste un choix, c’est un besoin carrément de me changer les idées un petit peu, sinon, je ne suis pas sûre de ce que ça donnerait pour les semaines et les mois à venir...

Je ne nie pas que pour mon chum, c’est toujours aussi oppressant, mais si j’étouffe avec lui dans cette situation, je ne serai pas d’un grand secours et on ne sera pas plus avancé. Ma solution pour rester forte et en forme pour lui et avec lui, c’est de pouvoir rire un peu, de me faire plaisir et de pouvoir me changer les idées. Le temps des Fêtes sera donc mon petit remède personnel pour commencer l’année prochaine du mieux possible.

C’est vrai que cette année, c’est différent des autres années, mais je vais essayer d’en profiter le plus possible malgré tout.

Et qui sait, j’ose espérer que cela réussira à donner quelques vrais petits sourires à mon chum, pas juste des sourires d’apparence, et que cela pourra peut-être l’aider un petit peu d’une manière quelconque...

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