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Compagne de trans (MtF)
27 janvier 2010

Le choix des mots

Dans mon message titré « Préjugés ou ignorance? » du 22 décembre, j’ai eu quelques commentaires de Steph (ce dont je suis bien heureuse), qui a permis un petit échange des plus intéressant (d'ailleurs, j'attends toujours que d'autres personnes se manifestent sur mon blog!). Son dernier commentaire était (et je cite) :

« Pourquoi ce mot dysphorie ??? perso je suis trans mais nullement dysphorique ;-) » .

J’ai tenté de lui répondre, mais je me suis rendue compte que ça dépassait largement un simple commentaire et comme on s’éloignait de mon message principal, j’ai décidé d’en faire un sujet à part.

Le choix des mots et des expressions est toujours délicat à faire. Peu importe le sujet que cela concerne, il y aura toujours des personnes qui n’approuveront pas tel ou tel mot, qui commenteront en disant qu’ils auraient utilisé ceci plutôt que cela.

Je prends un exemple simple mais qui prouve bien ce que je dis, et qui reprend bien l’expression « il faut nommer un chat par son nom »! Justement, concernant ce petit animal domestique, tout le monde s’entend pour dire qu’on appelle ça un chat. Par contre, il y a pleins de variantes, pleins de synonymes que les gens vont utiliser : minou, minet, chaton, félin, kitty, matou, mistigri, … Certains de ces synonymes ont une certaine connotation, comme « matou » qui fait en général plus penser à un chat errant, à un chat sauvage non domestiqué, ou comme « félin » qui fait plus penser à des fauves sauvages. Pourtant, plusieurs personnes appellent affectueusement leur chat domestique « matou » ou « mon petit félin ». Peut-on pour autant leur dire qu’elles ont tort? Je ne pense pas…Est-ce qu’il y a une « meilleure manière » de le dire? Je ne crois pas non plus, la langue française étant rendue de nos jours une langue riche qui inclut de nombreuses définitions pour un même mot, plusieurs mots pour une même définition et plusieurs sens pouvant être donnés à chacun des mots.

Vous voyez où je veux en venir? Mon exemple ne touchait qu’un nom, qu’une chose concrète que tout le monde connaît. Lorsqu’on embarque dans les expressions, dans les émotions, dans les notions abstraites, c’est encore plus difficile et le choix est encore plus vaste.

Concernant l'homosexualité, une personne pourra se dire homosexuelle, lesbienne, gay, fif, tapette, ... Je n'utiliserais pas les deux derniers termes personnellement, mais j'ai déjà vu des personnse homosexuelles le faire en parlant d'elles-mêmes et sans aucune arrière-pensée, alors, est-ce vraiment mal tout selon la manière s'est dit?

Pour parler de la transidentité, il y a de nombreuses manières de le faire. On peut parler de personne trans, de personne transgenre, de personne transsexuelle, de MtF (ou FtM), de Male-to-Female (ou de Female-to-Male), … On peut parler de dysphorie de genre, de trouble de l’identité, de syndrome de Benjamin, … On peut aussi employer des expressions comme devenir une femme (ou un homme), être dans le mauvais corps, erreur de la nature, prisonnier du mauvais sexe, …

Bref, les formulations sont nombreuses. Et pour un sujet aussi délicat que la transidentité, alors que c’est quelque chose que seules les personnes directement concernées peuvent comprendre, il est encore plus difficile de choisir les bons mots, les bons termes. D’autant plus que les personnes trans ne s’entendent pas elles-mêmes sur la question!

Chaque personne trans va vivre, va ressentir, va exprimer sa transidentité d’une certaine manière, d’une façon qui lui sera propre et que même d’autres personnes trans ne pourront pas comprendre. Il s’agit de quelque chose d’absolument unique pour chacun, difficilement transposable en mots exacts et justes pour tout le monde.

Il est légitime de vouloir apporter une précision ou une correction lorsqu’il y a vraiment une grosse erreur. Par contre, je crois que le plus important, ce n’est pas la formulation, mais bien l’idée derrière et la manière dont cela est dit. Si cela est dit sans préjugé, sans mauvaise intention et surtout d’une manière respectueuse, peut-on vraiment reprocher à quelqu’un de ne pas avoir utilisé exactement les bons mots?

Pourquoi est-ce que je parle de dysphorie de genre? La définition de dysphorie de genre est qu’une personne vit une différence (dysphorie) entre son genre et son sexe biologique. Cela représente bien, à mon avis, la transidentité au sens large, sans mauvaise connotation.

C’est aussi le terme que les médecins et les psys utilisent officiellement ici. Je ne considère pas la transidentité comme une maladie, mais bien comme un état, au même titre que l’homosexualité. Par contre, je me base sur ce terme reconnu scientifiquement pour employer cette expression sans risquer de trop me tromper. Finalement, même si mon chum n’accepte toujours pas la situation, c’est le terme qu’il emploie lui-même pour parler de lui, alors, en ce sens, je ne pense pas le choquer à ce sujet lorsqu’il lit mon blog.

Bref, j’utilise « dysphorie de genre » et d’autres expressions sans vouloir offenser personne, mais bien parce qu’il faut bien que j’utilise un mot ou un autre et c’est ça que j’ai choisi.

Finalement, une dernière note qui rejoint un peu ce message, au cas où certaines personnes se demanderaient pourquoi je parle toujours de mon chum au masculin alors que je sais très bien qu’il est MtF, c’est que j’ai choisi de parler de lui de cette manière. Lui-même n’est pas encore prêt à parler de lui au féminin tout le temps, et moi-même, j’avoue que malgré toute ma bonne volonté, je ne suis pas rendue à cette étape-là encore. Je le fais donc sans vouloir choquer personne et mon chum approuve ce choix pour le moment. J’avais d’ailleurs déjà fait un message un peu plus détaillé à ce sujet au tout début de mon blog…

Je termine en disant que je fais de mon mieux et que même si je peux commettre certaines maladresses parfois, c’est vraiment sans mauvaises intentions. Et comme je l’ai déjà mentionné à quelques reprises, je ne connaîtrai jamais ce que vit une personne trans et comment elle doit se sentir, alors, c’est vraiment difficile de réussir à m’exprimer sur un sujet que je ne peux qu’imaginer…

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Commentaires
A
Merci Quelqu'un pour cet ajout. <br /> <br /> En effet, la notion de culture et de géographie peut également jouer dans l'acceptation ou non de certains termes. Un terme sera jugé correct dans un certain pays et sera jugé inapproprié ailleurs. Il faut donc faire attention également à ces obstacles supplémentaires pour ne pas froisser personne et pour ne pas se froisser personnellement face aux propos des autres. <br /> <br /> Par contre, je continue à dire que pour un sujet aussi délicat que la transidentité, même à l'intérieur d'un même pays et/ou d'une même communauté, le choix des mots peut être difficile.<br /> <br /> Je crois donc que chacun doit y mettre un peu de bonne volonté pour que tout le monde arrive à s'entendre.
Q
Le point de débat actuelle est correcte. Mais il demeure un fait, il arrive souvent que les termes et leurs utilisations changent d'un territoire à un autre.Pour les termes de dysphorie de genre, de transgenderisme, c'est pareil. Je me rappel que «transgenre» ne voulait pas dire la même chose pour tout le monde y'a pas si longtemps.<br /> Bravo à l'auteur qui a su reprendre le theme et bravo aussi Steph, pour avoir donner son point de vue, qui peut paraitre anodin acertains points de vue mais peut aussi etre utile et apporter des precisions.
Compagne de trans (MtF)
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