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Compagne de trans (MtF)
6 septembre 2010

Et la question trans dans tout ça?

Cela fait quelques messages où je m’éloigne de la question trans pour aborder d’autres sujets, mais il ne faut pas oublier que la transidentité est toujours le sujet principal de ce blog et au cœur même de mes pensées de tous les jours. Même si je n’en parle pas explicitement, il ne faut pas oublier que c’est toujours là.

Alors, où en sommes-nous à ce sujet?

Disons qu’il n’y a pas vraiment eu d’avancées dans le domaine depuis plusieurs semaines, ou plutôt, devrais-je dire que c’est toujours la même chose qui se poursuit.

Mon chum est mal dans sa peau, mais il n’a toujours pas décidé ce qu’il fera plus tard. Je dis plus tard, car on a convenu qu’il n’irait pas plus loin (entendre par là le début des hormones et/ou opérations éventuellement) tant qu’on n’aurait pas au moins un enfant, deux s’il peut patienter si longtemps. Ensuite, il fera congeler du sperme pour éventuellement avoir la possibilité si on le souhaite d’avoir un autre enfant et je lui ai assuré qu’il aura alors tout mon soutien, peu importe ce qu’il décidera et que même si cela risque d’être très difficile pour moi et les enfants, je resterai avec lui et que je l’aiderai du mieux possible.

Je sais que cela lui demande énormément d’efforts, mais les deux, nous voulons vraiment avoir des enfants ensemble et on sait que cela sera beaucoup moins évident après le début d’une transition. On veut donc profiter du moment présent pour réaliser notre rêve, ce projet commun exceptionnel, tant qu’il est encore temps de le faire sans trop de difficultés.

Il semble motivé par ce projet et je dois avouer que tout tourne autours de la grossesse éventuelle, alors, j’avoue que j’ai quelque peu tendance à oublier la question trans par moment.

Mais pour lui, c’est un tourment de tous les jours et mêmes les moments où il semble bien aller, je sais que ce mal-être est toujours là et le fait toujours autant travailler, intérieurement comme extérieurement.

C’est d’ailleurs une de mes grandes inquiétudes : et s’il n’arrivait pas à patienter assez longtemps, qu’est-ce qui se passerait? C’est une question qui me revient souvent dans la tête, mais je vais l’élaborer plus dans un prochain message.

Il y a parfois des moments plus tranquilles, où il s’habille en homme sans trop se poser de questions et il semble bien vivre ainsi pendant un petit moment. Je sais qu’il y pense tout le temps, mais parfois, cela semble moins le déranger et être moins omniprésent. Même s’il continue à lire sur le sujet et à communiquer avec d’autres personnes trans sur internet, il semble recommencer à s’intéresser à d’autres choses, être plus motivé pour faire d’autres projets et d’autres tâches. Dans ces moments plus tranquilles, on parle beaucoup moins de la question trans, je suis moins inquiète pour notre avenir et on pense plus au sujet des enfants qui s’en viennent bientôt.

Par contre, d’autres fois, cela semble revenir avec encore plus de force. Dans ces moments, il se contrôle un peu moins, il déprime, il est souvent plus fatigué, il lui arrive d’avoir des moments de panique et de gros découragements. On dirait que tout recommence à tourner autours de la question trans et qu’il n’y a plus rien d’autre qui peut l’intéresser. Il est beaucoup moins motivé, il se pose beaucoup plus de questions par rapport à son avenir et au nôtre et parfois, il semble même douter du bien fondé de tant vouloir des enfants et ne semble plus être aussi prêt à en avoir. Dans ces périodes, je ne peux faire autrement que de m’inquiéter, autant pour lui, que pour nos futurs enfants que pour notre avenir à tous les deux.

Puis cela revient soudainement à une période plus sereine. Cela oscille régulièrement d’un état à l’autre, passant d’un moment ou d’une journée à l’autre de la sérénité au découragement, chaque période étant plus ou moins longue. Il prend toujours un antidépresseur à ce sujet, et heureusement, car même si son moral est vraiment vacillant, ça reste beaucoup moins pire qu’avant.

Il n’arrive toujours pas à savoir s’il commencera ou non une transition lorsque le moment sera venu et son opinion sur le sujet vacille souvent d’un « oui sûr » à un « peut-être » et passant parfois par « sûrement pas ».

De mon côté, je crois que je me fais tranquillement à l’idée. Je sais qu’en restant avec lui, cette question sera toujours présente et je sais qu’il y a de fortes chances pour qu’il commence les hormones éventuellement. Je sais que je serai capable de l’accepter à ce moment et que je continuerai à l’aimer comme maintenant, mais pour le moment, j’avoue que je préfère ne pas trop y penser, car il me reste beaucoup de peurs, de craintes et d’appréhension pour cette étape. Lorsque le moment viendra, l’idée fera son chemin… mais pas encore, du moins, pas tant que lui-même ne se sera pas définitivement décidé! Et pour le fait d’avoir des enfants avec lui et de rester avec lui à long-terme, je n’ai vraiment aucun doute là-dessus et c’est ce que je souhaite le plus.

Il s’habille presque toujours avec des vêtements de femme, mais en général, ce sont des vêtements qui passent incognito et qui lui permettent de sortir sans attirer les regards. Lorsqu’il est à la maison, cela lui arrive encore de mettre des jupes, des robes, des collants ou d’autres morceaux très féminins; parfois seulement lorsqu’il est seul, d’autres fois quand je suis là.

À ce sujet, cela ne me dérange plus vraiment. Je fais parfois un saut en le voyant descendre l’escalier en jupe et en bas de nylon, mais je me suis faite avec cette image et je ne m’en rends plus compte bien souvent. Et même, lorsque je vois qu’il va un peu moins bien, c’est parfois moi qui lui propose d’aller se changer pour être plus à son aise, car je crois qu’il éprouve encore de la culpabilité à se montrer ainsi devant moi. Par contre, je suis bien consciente que son mal-être ne concerne pas uniquement l’habillement, et loin de là, mais je me dis que ça semble lui faire du bien temporairement et que cela peut l’aider à patienter pour la suite et à lui remonter un peu le moral dans l'instant présent.

Il continue à se faire pousser les cheveux et il sort de plus en plus avec les cheveux attachés. Encore là, cela ne me dérange plus et cette nouvelle image de lui est loin de me déplaire. Par contre, cela a attiré quelques commentaires, mais je vais garder ça également pour un prochain message.

Il n’a toujours pas essayé de se maquiller, du moins, pas devant moi. Cela viendra probablement, mais pour le moment, ça ne clique vraiment pas avec moi et je ne suis pas prête du tout à le voir ainsi, alors, j’apprécie qu’il respecte ça.

Pour sa barbe, il aura probablement encore une ou deux séances de retouches à faire pour finaliser l’épilation définitive au laser, mais cela va bien de ce côté. Je me suis habituée à cette image imberbe de lui et je dois avouer que j’ai même hâte que cela soit définitivement terminé pour qu’on arrête d’y penser et pour qu’on arrête de voir ces quelques poils disgracieux qui continuent à repousser malgré tout.

Il pense toujours à l’épilation du torse et du dos, mais il n’a pas commencé encore à magasiner où il pourrait bien aller. Cela me fait un petit quelque chose, mais il sait qu’il a mon accord complet à ce sujet et qu’il pourra commencer quand il voudra. Ma seule condition, c’est qu’il puisse payer cette étape entièrement, sans se causer de problèmes financiers et sans nuire aux dépenses éventuelles pour notre enfant.

Il a manifesté à quelques occasions le souhait de retourner aux réunions hebdomadaires de l’ATQ, mais avant l’été, cela n’a pas adonné. On verra s’il y arrivera quand ça recommencera cet automne. Je ne suis pas contre l’idée s’il trouve le temps d’y aller et s’il en ressent le besoin, en autant qu’il ne mette pas de côté nos autres activités et soirées ensemble.

Il va recommencer sous peu également ses séances avec sa psychologue, qui avaient également été arrêtées durant l’été. Il ne m’en parle pas vraiment, je ne sais donc pas s’il a « hâte » ou non de retourner la voir. De mon côté, j’avoue que cela semble lui faire du bien et qu’il semble en avoir besoin, ce que je respecte entièrement. Par contre, cette psychologue ne m’est pas particulièrement sympathique et je dois admettre, d’une manière très égoïste et illogique, que je n’étais pas fâchée du tout qu’il prenne une pause d’aller la voir ces derniers mois. D’ailleurs, je suis toujours supposée aller la rencontrer éventuellement… J’attends qu’il y retourne une première fois cet automne et ensuite, je prendrai mon courage à deux mains pour y aller une bonne fois pour toute et pour m’en faire une meilleure idée.

Et entre-temps, il n’y a toujours personne d’autre qui est au courant. Il faut donc continuellement faire attention de ne pas se faire surprendre, d’une manière ou d’une autre!

Pour le choix du pronom, il a son identité féminine sur Internet, mais dans la vraie vie, cela n’a pas encore changé. Je lui ai déjà offert d’essayer de lui parler au féminin lorsqu’on est juste tous les deux, mais il m’avait répondu qu’il n’était pas prêt, alors, pour le moment, même si je sais de quoi il s’agit, je continue à parler de « lui » et à lui parler au masculin... ce qui me va encore très bien, car je ne suis pas sûre d'être prête à cette étape encore.

Et voilà où en est la question trans dans notre couple. Je n’en parle pas toujours explicitement sur ce blog, mais il faut se rappeler que c’est vraiment le sujet premier et que c’est toujours là. Mêmes les activités de la vie courante sont teintées par la question trans et je dirais que tout notre couple tourne un peu autours de cette question. Je me lasse un peu d’écrire toujours les mêmes choses et je ne voudrais pas faire fuir mes lecteurs en répétant inlassablement les mêmes situations!

La question trans est toujours là, toujours omniprésente. On en parle un peu moins souvent qu’avant, mais je sais que c’est toujours aussi difficile pour lui et qu’il se pose autant de questions. Il lit beaucoup sur le sujet, parle avec d’autres et partage beaucoup sur les réseaux sociaux. Sa garde-robe est principalement rendue féminine et l’étape de l’épilation du torse et du dos s’en vient alors que celle de la barbe s’achève.

Il a des bons moments et aussi des moins bons. Heureusement, il arrive à se changer les idées avec d’autres projets et celui d’essayer d’avoir notre premier enfant prend en ce moment beaucoup de place.

Cela amène pour moi beaucoup d’émotions et beaucoup de questions, tant pour le moment présent que pour le futur, que d’autres couples n’ont pas nécessairement à vivre et/ou à se poser. Beaucoup de situations se produisent que d’autres ne pourraient pas comprendre, alors qu’elles sont rendues normales pour moi, pour lui, pour nous deux.

Je n’en parle pas toujours d’une manière explicite, mais c’est toujours là, quelque part dans mes pensées, peu importe le moment de la journée et l’activité que je suis en train de faire. Mais je dois avouer que le projet d’avoir notre premier enfant m’occupe beaucoup l’esprit et c’est principalement à ça que je pense ces temps-ci.

De plus, je me suis un peu détachée involontairement de la communauté trans avec qui j’avais des contacts sur internet, que ce soit par les blogs et les forums, car depuis que ces sites ont été bloqués par le service de l’informatique à ma job, je trouve moins le temps d’aller les consulter et d’y participer.

Cela n’est peut-être pas une mauvaise chose en soi, puisque cela me permet de me changer un peu les idées!

Et je profite de ce petit bilan pour souligner que ce message est le 100e depuis la création de ce blog, et je sens qu'il y en aura encore plusieurs autres qui viendron! Merci à tous de me lire ainsi et j'espère ne pas trop vous ennuyer avec mes messages!

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Commentaires
A
Merci Léo, c'est toujours très apprécié de pouvoir te lire ainsi!<br /> <br /> Je suis d'accord avec toi, on peut choisir d'ignorer ce genre de question fondamentale ou apprendre à vivre avec et évoluer avec. Cela ne nous oblige pas à ne faire que des activités qui ont des liens avec ce genre de question (et heureusement d'ailleurs!), mais il faut bien admettre que même en faisant une activité complètement hors-sujet, c'est dur de ne pas y penser du tout!<br /> <br /> Il faut que la vie continue malgré tout, mais je crois que c'est important de ne jamais l'oublier non plus et d'être conscient que cette situation doit également avancer un peu.<br /> <br /> Pour les cours de relaxation ou de yoga... Je ne sais trop, disons que ton idée nous a fait sourire, mais je ne suis pas certaine que ce serait tout à fait dans notre branche. <br /> <br /> Et avec un premier enfant qui viendra sous peu (du moins, on l'espère), je crois qu'on aura amplement l'occasion de se changer les idées par la suite, pour un certain temps du moins! Et ensuite, ma philosophie est de prendre les choses comme elles viennent, une à la fois, alors, on verra bien lorsqu'on sera rendu là!
J
Félicitations pour ce 100e message ! Hihi.<br /> <br /> La question trans sera toujours en fond, comme toutes les questions relatives à l'identité, au sens de la vie. En fait, les questions de fond sont toujours présentes chez tout le monde, que l'on choisisse de les ignorer ou non.<br /> <br /> Mais cela n'empêche pas de vivre plus ou moins en paix, de faire des activités qui nous éloignent et nous rapprochent de cette question. C'est une question primordiale, oui, et la vie l'est aussi, l'une ne va pas sans l'autre.<br /> <br /> Toi et lui avez vous déjà pensé à faire des cours de relaxation ? De yoga, de sophrologie ? Cela vous aiderez à vous ressourcer avant de réaffronter cette vie et cette question là avec plus de force.<br /> <br /> Bon courage !
Compagne de trans (MtF)
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