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Compagne de trans (MtF)
23 octobre 2010

Baisse des antidépresseurs

La semaine dernière, mon chum avait son rendez-vous de routine chez son médecin. Je ne m’étalerai pas cette fois-ci sur le sujet, mais disons juste que ce médecin, contrairement à la précédente, est beaucoup moins compétent et empathique concernant la question de l’identité… et concernant la relation avec un patient tout simplement…

À son retour, je demande à mon chum comment cela a été. Tout va bien, pas de nouveau…mais mon chum me dit « J’ai demandé une prescription à mon médecin pour baisser ma dose d’antidépresseurs et il a accepté tout de suite. ».

Là, j’avoue que j’ai quelque peu paniqué sur le coup. Mon chum m’avait déjà parlé de son intention de baisser ou de changer de médicament, on en avait discuté longuement et j’avoue que j’étais, et je suis toujours, plutôt contre cette idée.

Mon chum a deux arguments : premièrement, il me dit qu’il se sent beaucoup mieux et deuxièmement, il aimerait que sa libido revienne un peu.

Pour le deuxième argument, cela pourrait être un bon point, mais je sens qu’il souhaite ça seulement pour tenter de me faire plaisir, car lui, il le dit carrément, ça ne lui manque pas du tout. Et je ne veux pas qu’il le fasse juste pour moi. Tant qu’à moi, c’est un acte de bonheur pour les deux, un partage de complicité, je ne veux surtout pas que cela devienne une « obligation » ou juste pour faire plaisir à l’autre, sinon, ça perd tout son sens à mon avis.

Par contre, c’est sûr que d’un côté technique, pour concevoir notre premier enfant, il faut toujours espérer que cela fonctionne « dans les bons moments », alors, cela pourrait effectivement donner un petit coup de main, mais je ne trouve pas que cela en vaille vraiment la peine.

Son premier argument, comme quoi tout va bien maintenant, me dérange beaucoup plus. Premièrement, je ne trouve pas qu’il va si bien que ça. Dans l’ensemble, c’est vrai que c’est mieux qu’avant et un peu moins inquiétant, mais de là à dire que tout va bien? Il a encore des moments de panique, des déprimes assez marquantes et il se pose toujours autant de questions. La question trans est toujours présente et semble toujours autant le faire souffrir.

Alors, oui, c’est vrai que c’est un peu mieux qu’avant, mais ça serait quoi s’il baisse soudainement sa dose d’antidépresseur? Et qu’est-ce qui nous prouve que ce n’est pas à cause du médicament justement qu’il va mieux, mais que s’il baisse sa dose, il ne reviendra pas comme avant? Un peu comme un patient atteint de schizophrénie : tant qu’il prend ses médicaments, il va bien et ne ressent plus les symptômes, alors, comme il va bien, il arrête de les prendre et tout revient avec encore plus de force ensuite…

D’autant plus que la dose abaissée que le médecin lui a prescrite, c’est la même dose qu’il prenait l’an dernier quand il s’est retrouvé à l’hôpital, alors, est-ce vraiment pour me rassurer qu’il pense retourner à ce dosage?

De plus, on veut fonder une famille, avoir un ou deux enfants avant qu’il aille plus loin dans sa transition. Là-dessus, c’est vraiment ce qu’on souhaite tous les deux et pas juste moi. Mais je sais qu’entre la volonté et la réalité, il y a souvent une grosse marge. C’est beaucoup d’efforts qui sont demandés à mon chum et on parle d’un délai de quelques années supplémentaires avant qu’il puisse aller plus loin s’il le désire. Même si je ne doute pas de sa volonté, j’ai parfois peur qu’il n’arrive pas à être aussi patient et que cela devienne plus fort que lui.

Les antidépresseurs sont là pour justement l’aider à patienter un peu, l’aider à ce que cela devienne moins paniquant et moins oppressant par moment et peut-être l’aider à y voir un peu plus clair à long terme. Je ne souhaite pas qu’il prenne des antidépresseurs toute sa vie, bien évidemment, mais en prendre en attendant que le moment soit venu, il me semble que c’est une sorte de petite sécurité, une petite aide qu’il ne devrait pas refuser.

Le fait que son médecin a effectivement signé une prescription pour baisser la dose devrait-il me rassurer? À vrai dire, pas du tout! Ce médecin se fout un peu de ses patients, ne prend pas le temps de poser des questions et de s’intéresser à la personne qu’il a devant lui. Pour lui, les patients ne sont qu’une suite de dossiers et de numéros. Mon chum aurait aussi bien pu lui demander une plus grosse dose qu’il aurait probablement signé le papier sans poser plus de questions!

Lorsqu’on a été voir sa psy tous les deux (voir mon message à ce sujet), on lui en a parlé. Elle ne semblait pas plus à l’aise que moi par l'idée de mon chum et qu'il prenne ce genre de décision sans avoir été suivi sur le sujet avant. Elle a avoué par contre que cela était hors de son domaine de compétence et que de toute manière, cela ne faisait pas assez longtemps qu’elle suivait mon chum pour pouvoir bien se prononcer. Mais elle suggérait qu’avant de faire quoique ce soit, mon chum devrait aller faire une évaluation psychiatrique, soit à l’hôpital ou dans une clinique de jour, avec des spécialistes de la question qui pourraient donner un avis beaucoup plus juste.

Il a semblé accepter, mais pour le moment, aucune démarche en ce sens n’a encore été faite. Il sait que je vais y aller avec lui s’il le désire et que je vais l’appuyer du mieux que je peux, mais je comprends que cela n’est pas évident, autant sur un point de vue personnel, d’orgueil et d’humilité. Mais comme on parle d’un sujet très important et que la prise d’antidépresseur est loin d’être une affaire banale, j’espère vraiment qu’il fera cette démarche avant d’aller à la pharmacie pour obtenir son nouveau dosage.

La psy lui a aussi suggéré d’essayer un autre antidépresseur, reconnu celui-là pour ne pas avoir d’effets sur la libido. Cela pourrait être une bonne solution le temps qu’on essaie de concevoir notre premier enfant… mais je continue à me poser la question si cela en vaut vraiment la peine?

Chaque antidépresseur est différent et risque d’avoir des effets secondaires plus ou moins importants, différents d’une personne à l’autre. Il faut souvent en essayer plusieurs, à des doses différentes, avant de trouver ce qui convient le mieux à une personne. Mon chum a eu la « chance » que la première sorte qu’il a essayée a bien fonctionné et il n’y a eu qu’un seul ajustement de la dose à faire depuis. Le seul effet secondaire notable est sur la libido et sur le fait qu’il se sent certaines journées un peu plus « assommé » qu’avant. Avec tous les effets possibles que ce médicament aurait pu avoir, je trouve que ce n’est quand même pas si pire que ça pour le résultat obtenu.

Essayer une nouvelle sorte, c’est prendre le risque de tout recommencer à zéro, de voir apparaître de nouveaux effets secondaires, de devoir ajuster la dose à plusieurs reprises et de devoir subir les contrecoups que cela implique.

Est-ce que cela en vaut vraiment la peine? Pour le moment, comme mon chum le dit si bien, « tout va bien », alors, pourquoi risquer que cela aille moins bien après? D’autant plus que lorsqu’on va attendre notre enfant, on aura beaucoup de choses à penser et d’énergie à mettre ailleurs, j’aimerais tant ne pas avoir à m’inquiéter en plus du sujet des antidépresseurs et du moral « up and down » de mon chum.

Est-ce trop demander? Est-ce trop égoïste de ma part de penser comme ça? Je ne sais pas… Devrais-je laisser mon chum prendre ce genre de décision sans m’en mêler du tout? Peut-être, mais comme on vit à deux et que cela peut avoir plusieurs conséquences et impacts, tant pour lui que pour moi, j’avoue que j’aimerais avoir le droit de dire ce que j’en pense…

Je comprends que ce n’est pas facile pour mon chum, mais je continue de me dire que si tout va bien avec ce médicament et avec cette dose, pourquoi vouloir changer à tout prix et surtout, pourquoi vouloir changer maintenant? Profitons de cette « quiétude » (même si on sait bien que cela n’en est pas vraiment une!), mettons nos efforts et nos pensées dans la conception de notre enfant et dans le souhait de fonder une famille et ensuite, ce sera le temps de faire bouger les choses comme il le souhaite et surtout, à sa manière à lui!

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Commentaires
A
Bonjour Joanna et je te remercie pour ce commentaire. Cela est dit avec respect et honnêteté et je vais faire de même en répondant, même si mon point de vue diffère un peu du tien. <br /> <br /> Concernant la prise d'un médicament, surtout du type antidépresseur, je ne crois pas que la personne elle-même soit la mieux placée pour jugée de ce qui est bon ou non pour elle. Sinon, bien des gens arrêteraient de prendre leurs médicaments dès qu'ils se sentiraient mieux, alors que la condition médicale ne recommenderait pas cette action. Cela ne concerne pas juste les antidépresseurs, mais aussi pour des maladies comme l'Alzheimer, les troubles anxieux, la schizophrénie, le Parkinson, etc...<br /> <br /> Un suivi médical et l'avis d'experts dans ces différents domaines sont indispensables avant de modifier la dose ou d'arrêter carrément d'en prendre.<br /> <br /> Je comprends que mon chum se sente mieux, mais le médicament est justement là pour ça, alors, comment prévoir comment il va réagir en abaissant la dose, sinon en demandant l'avis de ceux qui travaillent précisément dans ce domaine?<br /> <br /> Comme deuxième point, je comprends qu'il soit difficile pour mon chum d'attendre avant de penser à aller plus loin. Mais cette décision a été prise à deux, sans que j'intervienne d'aucune façon, car notre rêve le plus grand à tous les deux est de fonder une famille. Déjà, alors que cela faisait bien peu de temps que nous étions ensemble, il me parlait déjà de quand on aurait des enfants (sous-entendu : il rêvait d'en avoir deux, tout comme moi)...<br /> <br /> Oui, on a commencé à essayer à ce que je tombe enceinte, mais pour le moment, cela n'a pas réussi... Je vais bientôt écrire un message là-dessus, mais à ce sujet, on a beau essayer, c'est la nature qui décide et on n'a pour le moment aucun contrôle là-dessus! Il faudra que ça prenne le temps que ça prendra... même si je suis bien consciente que chaque mois où cela ne fonctionne pas, cela ne fait que retarder le moment où mon chum pourra aller plus loin!<br /> <br /> Je te remercie encore pour ton commentaire et pour ton avis. Il peut arriver que nos avis divergent, mais j'apprécie toujours autant pouvoir te lire... tout comme j'apprécie les commentaires de tout le monde également!
J
je crois que le problème c est que lui seul doit savoir ce qui est bon ou mauvais pour lui niveau antidépresseur... n ayant pas d info concernant sa déprime comment il réagit il est difficile de donner son avis... attendre c est très long et si le feu vert c est la conception du bébé ne faudrait il pas commencer plus tôt que prévu sa mise en route? avancer seule n est déjà pas facile mais si on doit attendre même sa partenaire qu on aime c est beaucoup demander.... enfin c est mon avis...en toute honneteté...
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