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Compagne de trans (MtF)
2 août 2010

Baisse de libido

Ce que je m’apprête à écrire est assez gênant puisque cela touche la sexualité, mais comme il s’agit quand même d’un point majeur qu’on vit au jour le jour, aussi bien en parler ouvertement, car je suis certaine que cela touche d’autres couples également…

Comme bien des couples, au début de notre relation, la passion était au rendez-vous et était pratiquement omniprésente : toutes les occasions et toutes les raisons étaient bonnes pour faire l’amour, pour se faire des sourires coquins et pour taquiner gentiment l’autre. On n’habitait pas encore ensemble, donc toutes les occasions ou presque où l’on se retrouvait finissait par des ébats enflammés.

Après une première année, tout allait toujours très bien à ce niveau, et on a décidé de pimenté un peu plus notre sexualité en essayant différents jeux intimes, d’autres scénarios et quelques gadgets. Encore là, toutes les occasions étaient bonnes et on avait beaucoup d’imagination pour inventer de nouvelles choses.

D’ailleurs, mon chum ne cessait de me parler de ses trouvailles, de ses idées et de ses envies. Si la plupart du temps, elles me plaisaient, parfois, certaines idées ne me disaient rien et je lui disais et on passait à autre chose. On était bien tous les deux, mais souvent, je dois avouer que les nouvelles idées venaient de mon chum directement et il semblait ne jamais sans lasser et y penser continuellement.

Cela a duré encore deux ans. À notre troisième année de relation, je suis venue habiter avec lui. Au début, l’attrait de la nouveauté était grisant et cette liberté totale a bien été mise à profit!

Mais peu de temps après, cela a diminué quelque peu. Puisqu’on habitait ensemble, il n’y avait plus la magie du début de « se retrouver » et la routine s’est tranquillement installée. De plus, des événements familiaux assez prenants ont fait que j’étais en général plus fatiguée et dans un état moins propice aux ébats amoureux.

Cela a repris, plus tranquille et plus calme qu’à nos débuts, mais cela nous convenait tous les deux.

Puis, peu à peu, cela a recommencé à baisser. Pensant que c’était temporaire, on ne s’en est pas trop formalisé et on a continué à vivre tranquillement.

Mais j’avoue que depuis que mon chum a abordé la question trans avec moi, sa libido est au plus bas, voire presque inexistante.

Pour avoir lu plusieurs témoignages de personnes trans, je comprends très bien que c’est souvent un aspect très dur à vivre et à gérer. Les personnes trans ne sont pas bien avec leur corps, voire même en total dégoût avec, et particulièrement avec tout ce qui touche l’aspect de la sexualité.

Ça, je comprends très bien tout ce que ça implique et je peux comprendre que l’acte sexuel en tant que tel plaise moins à mon chum. Peut-être faisait-il semblant d’aimer ça et de s’y intéresser au début pour me faire plaisir? Mais j’ai quand même des doutes à ce niveau et je crois que ça lui plaisait vraiment et même, quand ça nous arrive encore à l’occasion, il semble apprécier ces moments et ça se passe en général très bien.

Et quand je parle de sexualité, je ne parle pas que de l’acte en tant que tel mais bien de tout ce qui l’entoure également.

On est assez à l’aise l’un avec l’autre pour en parler librement et il me dit qu’il aime bien ces moments qu’on a encore, c’est juste que la plupart du temps, il n’y pense tout simplement pas et que ça ne lui manque pas, bref, il n’a plus aucune libido.

J’essaie de ne pas prendre ça trop personnel, car il m’assure qu’il m’aime et qu’il me trouve désirable, c’est juste que l’envie de faire l’amour n’est plus là. Est-ce seulement à cause de sa transidentité maintenant avouée?

On s’est demandé si cette baisse assez drastique pouvait avoir un lien avec l’antidépresseur qu’il prend. Il en a parlé à la psy qu’il voit en ce moment (la psy D), qui est aussi sexologue, et elle a confirmé que cela pouvait être un des effets secondaires de ce médicament en particulier, mais que ça se pouvait que ce ne soit pas le cas non plus.

Elle lui a suggéré un autre antidépresseur, qui n’aurait pas cet effet indésirable, mais on hésite. Celui qu’il prend actuellement a fait ses preuves (du moins, relativement!) et mis à part la perte de libido, n’a pas eu d’autres effets néfastes, ce qui est une situation assez chanceuse, car bien des antidépresseurs ont beaucoup d’effets secondaires possibles. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de changer de médicament, avec tout ce que cela peut entraîner comme complications, ajustements de la dose et peut-être apparition de d’autres effets secondaires? D’autant plus que nous ne sommes pas certains que cela réglera le problème!

Pour le moment, on vit cette situation assez sereinement malgré tout. Il a été convenu que lorsque mon chum aurait le goût de faire quelque chose sur le plan intime, ce serait à lui de faire les premiers pas, car quand j’essayais de lui en parler, de le taquiner ou d’allumer un peu sa flamme, soit ça l’agaçait, soit il se sentait tout mal avec le fait de ne pas être tenté, soit il essayait de se forcer pour me faire plaisir. Et cette dernière option ne fonctionnait pas plus, bien sûr, mais surtout, je ne voulais pas d’une situation comme ça, car cela enlève tout son sens au moment à vivre et à partager.

J’attends donc que les signes viennent de lui. Cela arrive rarement (vraiment très rarement!) mais cela arrive encore à l’occasion et à chaque fois, j’en suis en général très heureuse et je veux profiter du moment le plus possible quand ça passe. Lorsque ça arrive, tout va bien, c’est très intense et on apprécie tous les deux.

Bien sûr, il arrive que ce soit moi qui soit moins réceptive lorsqu’il est prêt. Cela a beau me faire plaisir et je veux bien profiter de chaque occasion qui m’est donnée, ça ne se commande pas non plus quand on veut et il arrive parfois que ça fonctionne moins bien. En général, lorsque ça fonctionne moins par ma faute, c’est soit à cause de la fatigue de la vie courante, soit car il m’arrive d’avoir soudainement l’image de ce qui nous attend dans le futur concernant la situation, que ce soit les hormones, l’opération et/ou le changement d’identité,  et j’avoue que cela peut être juste assez pour briser sur le coup un moment de désir.

Mais en général, lorsque cela arrive, tout va bien et on en profite le plus possible.

Le restant du temps, on fait notre train-train quotidien et ça ne nous perturbe pas trop… du moins, dans 90% du temps dans mon cas!

Mais reste un 10% du temps où cela me manque, où je ressens le besoin de faire l’amour, où j’aimerais ça et que ça me « travaille » drôlement. Je ne suis pas faite en bois et le fait de toujours se tenir collés mais sans jamais rien faire, sans jamais se toucher, parfois, cela devient vraiment insoutenable et me met dans un état de déprime qui dure quelques jours. Ça finit toujours par passer et heureusement que ça n’arrive pas souvent, mais quand ça arrive, ce sont des moments durs à traverser.

Lorsque la pression devient trop forte, il arrive que je me fasse plaisir en cachette afin d’assouvir certaines ardeurs et certaines pulsions. Cela fait effet sur le coup, mais ce n’est pas la même chose et ce n’est décidément pas de ça que j’ai besoin et dont j’ai envie!

Cela m’amène aussi une certaine crainte pour le moment où mon chum commencera peut-être à prendre des hormones dans le futur. Il est bien connu que les hormones chez les MtF diminuent beaucoup en général toutes pulsions sexuelles et toute libido. Déjà qu’il n’y a plus grand-chose en ce moment, qu’est-ce que ce sera quand on sera rendu à cette étape?

Je sais bien que ce n’est pas primordial et que pleins de couples arrivent à très bien vivre ensemble sans l’aspect de la sexualité, et ce, pour diverses raisons. Mais pour moi, ça fait partie de l’amour, ça va avec le fait d’être bien avec quelqu’un et fait partie des moments qu’on veut partager. Qu’il y en ait peu, ça va encore en autant que la qualité soit au rendez-vous, mais qu’il n’y en ait plus du tout??? J’ai des doutes quant à la survie à long terme du couple dans ces conditions!

De plus, mon autre crainte à court terme et sur le plan pratico-pratique, c’est qu’on veut essayer d’avoir notre premier enfant à l’automne. Mais pour y parvenir, on n’a pas le choix de passer par l’acte en tant que tel, et surtout, de le faire à certaines dates bien précises pour avoir toutes les chances de réussir! J’espère juste que cela fonctionnera et qu’il n’y aura pas de problèmes techniques, car malgré toute ma volonté, je ne peux pas vraiment y arriver seule!

Bref, notre sexualité est presque au point mort pour le moment, mais ça ne nous empêche pas de nous aimer et d’être bien ensemble. C’est parfois dur à vivre, et cela fait souffrir mon chum de ne pas être en mesure de me « satisfaire pleinement » (pour reprendre ses termes), mais cela va encore très bien et en général, ça ne pose pas vraiment de problèmes. Il y a certaines périodes où j’y pense plus que d’autres, mais ça ne m’empêche décidément pas d’être heureuse avec mon chum et de vivre le bonheur de notre amour!

Par contre, j’espère que peu importe vers quoi cela évoluera, j’espère que cet aspect ne disparaîtra pas complètement de notre relation éventuellement…

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Commentaires
A
Bonjour Léo et merci pour ton commentaire, <br /> <br /> Je suis peut-être dans l'erreur, mais ce que j'ai entendu en général, c'est que pour les MtF, lorsque la prise d'hormones est commencée, la sexualité et la libido baissent en général beaucoup et que cela remonte ensuite lorsque survient l'opération...<br /> <br /> Bon, ce n'est peut-être pas pareil pour tout le monde et j'ai peut-être mal interprété ce que j'en ai lu...<br /> <br /> Par contre, je suis d'accord avec toi sur le fait que si mon chum se sent mieux éventuellement dans sa peau, il risque d'être plus serein et plus réceptif à ce genre d'activité, là-dessus, je n'en doute pas du tout!<br /> <br /> Mais j'avoue que cela m'inquiète quand même pour le moment, car au point où on en est présentement, j'ai dû mal à m'imaginer que ça puisse baisser encore... Et pour le moment, comme on pense essayer d'avoir des enfants dès cet automne, il faudra bien qu'à ce niveau, ça fonctionne au moins un minimum!<br /> <br /> Mais bon, pour le moment, ça va encore bien et comme toutes choses, on verra bien quand on sera rendu là!
J
Coucou !<br /> <br /> La sexualité ne disparaît pas avec le changement physique (même avec les hormones). Cela peut arriver, mais ce n'est en rien généralisable. Ensuite, si la transition est bénéfique pour votre partenaire, il se peut qu'il (elle) soit plus détenu(e) serein(e) et se laisse aller à l'amour et aux caresses.<br /> La sexualité ne disparaît pas avec la transidentité ou le changement physique. Bien heureusement ! Ca fait partie de la vie :)
Compagne de trans (MtF)
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