Pouvoir avoir des enfants même après le début d'une transition

Dans le message où je faisais mes réflexions par rapport au fait d’avoir des enfants, j’avais réalisé que mes craintes et mes appréhensions étaient pour la plupart sans lien avec la question trans de mon chum, ce qui m’avait quand même bien soulagé finalement.

Mais une de mes craintes, qui étaient aussi une grande tristesse, c’était qu’on ne pourrait plus avoir d’enfants une fois qu’il aurait commencé à prendre des hormones. Cela me faisait beaucoup hésiter, car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve et si quelques années plus tard, on se dit qu’on aurait bien aimé en avoir un troisième?

En faisant des recherches cette semaine, j’ai trouvé quelque chose qui m’a beaucoup apaisée. Il est possible de payer pour mettre de côté des doses de spermes, afin de pouvoir s’en resservir plus tard.

Les raisons peuvent être multiples et voici celles qui sont évoquées par le comité gouvernemental sur l’éthique : début de chimiothérapie, opération qui pourrait mettre en danger la capacité de reproduction, médicaments qui ont des risques de rendre stériles.

Le gouvernement rembourse lorsqu’il s’agit d’une de ces raisons, tout comme pour la plupart des assurances privées, donc je sais bien que pour notre cas, il faudra débourser les frais de notre poche et passer par une compagnie privée.

J’ai trouvé au moins deux compagnies privées au Québec qui gardent en congélation du sperme pour une future fécondation. Une des compagnies reprend seulement les arguments du comité gouvernemental sur l’éthique, mais l’autre donne encore plus de raisons de vouloir conserver du sperme : homme en phase terminale et la femme aimerait avoir des enfants de lui quand même plus tard, couple qui ne veut pas des enfants maintenant mais pense qu’il sera trop tard physiquement lorsque ce sera le bon moment, problèmes de dysfonction érectile qui empêchent d’avoir des relations sexuelles au bon moment, homme qui va se faire vasectomiser et pourrait le regretter ensuite, etc…

Comme cette compagnie semble être plus ouverte d’esprit et tenir moins compte de la raison de la demande, je me dis qu’il n’y aurait pas de raison qu’on ne soit pas accepté. Je pense quand même faire quelques téléphones cette semaine pour m’assurer que je ne mets pas d’espoir inutilement dans cette option.

Ce n’est pas donné, mais ce n’est quand même pas exorbitants comme coûts et en le sachant, on pourra mettre un peu d’argent de côté pour ça. La compagnie qui semble plus ouverte a même une liste de tarifs très détaillée sur Internet, on saurait donc combien cela nous coûterait exactement. Il y a un prix fixe pour chaque dose de sperme conservée, plus des frais pour la procédure en tant que telle, et ensuite, c’est un prix fixe annuel pour la « location » de l’espace. Les frais sont un peu plus importants lorsque vient le temps d’utiliser une dose, mais ce n’est pas dramatique non plus.

J’en ai parlé à mon chum et il semblait d’accord. Il trouvait ça un peu cher, surtout que peut-être que ça ne nous servira jamais, mais il n’était pas contre du tout. De toute manière, je me dis que ce n’est pas plus "gaspillé" que n’importe quelle autre assurance. On peut payer toute sa vie au cas où il y aurait un dégât dans la maison et que ça n’arrive jamais finalement. Mais si ça arrive, on est tellement content d’avoir cette assurance!

Je me dis que c’est un peu la même chose. Si jamais on veut d’autres enfants, on aura cette possibilité. Ça ne veut pas dire que ça va marcher non plus, mais on pourra au moins essayer. Et pour les frais annuels, il viendra un temps où moi, je ne pourrai plus tomber enceinte, de toute manière, alors, on cessera de payer à ce moment.

Je dois avouer que cette possibilité vient de m’enlever un gros poids de sur mes épaules et cela est un réel soulagement. Il me semble que si mon chum commence à prendre des hormones, j’aurai moins de regrets et cette inquiétude-là en moins.

Cela peut sembler banal, mais pour moi,  cela vient vraiment d’éclaircir mon esprit et m’aide beaucoup à voir plus sereinement une future transition.

D’ailleurs, suite à ma première réflexion sur le fait d’avoir des enfants bientôt, c’est décidé et on commencera à « travailler » là-dessus très sérieusement dès cet automne. D’ailleurs, on ne cesse d’en parler et je peux maintenant dire que j’ai vraiment hâte, car mon esprit est maintenant en paix avec ce sujet.